La Mobilisation n'est pas la Guerre
Aout 1914
Le samedi 1er, l'ordre de mobilisation générale
est déclarée en France et en
Allemagne. L'Allemagne déclare la guerre à la Russie.
A la fin de l'après-midi, le tintement
répété de la grosse cloche
de l'église du bourg, le tocsin, alerte
les habitants de l'île "Ecoutez comme ça sonne ! On dirait que la guerre est déclarée… C'est la guerre ! " … Tous savaient que ça allait mal
depuis quelques jours: les événements se précipitaient. Mais beaucoup espéraient qu'on n'arriverait jamais à cette situation.
C'est vers 16 heures que l'ordre de Mobilisation Générale a été placardé dans tous les bureaux de poste. Une telle nouvelle parvient rapidement,
même jusqu'à Groix. Le premier jour
de la mobilisation est le
dimanche 2
août 1914
à 0 heure. Les hommes doivent partir le
deuxième jour, comme l'indique leur fascicule de mobilisation, bon citoyen et
bon
soldat, respectueux des ordres, ils partent
pour
Lorient le 3 août au matin, la musette
bourrée de victuailles sur le dos, parmi eux Emile LE CLAINCHE, et Gaston LE MOUROUX, tous deux du bourg...
Dimanche 2, le caporal Peugeot (44ème R.I., de
Belfort) et le lieutenant Mayer (5ème Chasseurs à cheval prussien, de Mulhouse), s'entretuent au cours d'une escarmouche, près de Joncherey (au nord de Belfort). Ce sont les premiers morts
militaires français et allemand de la guerre.
Les groisillons affectés à l'infanterie, ceux qui ne sont pas inscrits maritimes d'abord, rejoignent le 62ème
régiment d'infanterie (62ème R.I.)
de Lorient, ils participeront dans une première période à la
campagne conduite par la IXème armée commandée par le général Foch. Le 62ème
appartient au 11ème corps d'armée (11° CA), 22ème division (22°
DI., 43ème brigade (43° BR)
commandée par le colonel Costebonnel. Ultérieurement, le 17 septembre 1914, le 11° C.A. sera
rattaché à la Vème
Armée commandée par le
Général Franchet
d'Esperey.
Beaucoup d'autres, les inscrits maritimes, les plus nombreux sont embarqués ou rejoignent les dépôts des équipages en attente d'une affectation. Certains forment, avec les 700 apprentis fusiliers et leurs instructeurs qui quittent leur casernement flottant, le "Calédonien", un ancien transport de bagnards. avec les réservistes le 3ème bataillon du 1er régiment de fusiliers marins. Parmi eux il y a Laurent DERRIEN, de Ker Port-Lay, Laurent STEPHANT, de Port-Lay, Louis BLOREC de Locmaria,Théodore et Eugéne METAYER de Locmaria, Yves SALAHUN de Locmaria, Jean TONNERRE de Locmaria. Le régiment sera mis à disposition de l'armée de terre. D'autres rejoindront les régiments d'infanterie coloniale.
Lundi 3 :l'Allemagne déclare la guerre à la Belgique (en violant la neutralité de ce pays) qui a rejeté l'ultimatum de la veille. Et l'Allemagne se déclare la guerre à la France évoquant de faux prétextes (notamment des incidents de frontière)
Depuis l'alliance franco-russe l'état-major allemand s'était préparé à une guerre sur deux fronts, à l'Est contre la Russie à l'Ouest contre la France. L'économie allemande ne pouvant soutenir un conflit de longue durée, l'essentiel des forces du Reich devait être tourné contre laFrance. L'armée française pouvait être battue en 6 semaines, avant l'entrée en ligne des armées russes, lentes à se mobiliser et contre lesquelles, on se retournerait ensuite.C'était, pensait-on à Berlin, "question de vitesse et de force brutale".
Le plan des opérations est conçu depuis 1905, par le chef d'état-major de l'époque, le général von Schlieffen. Il reposait sur une grandiose stratégie de l'enveloppement,
sensiblement modifié par le nouveau commandant en chef, le général von Moltke, le neveu du vainqueur de 1870. Contrairement aux recommandations expresses de Schlieffen, Moltke avait diminué l'effectif de la masse de manœuvre allemande, l'"aile marchante". Cette aile droite, forte d'une soixantaine de divisions, traversant la Belgique par surprise envelopperait les armées françaises d'un gigantesque mouvement
en coup de faux et les contraindrait à la capitulation, l'action de l'aile gauche renforcée assurant l'encerclement complet. Du côté français, bien que la doctrine militaire fût résolument offensive, il n'était pas question, pour des raisons politiques, de porter atteinte à la neutralité belge, en dépit des soupçons que l'on eut sur les intentions allemandes.