Centenaire
Bientôt cent ans, le 3 août 1914, se déclenchait la plus effoyable guerre qui fut. L'île comptait environ 5 800 habitants, la plus grande densité jamais atteinte. 2 900 femmes, 1 000 enfants, 1 000 hommes âgés de plus de 45 ans, et 1 000 hommes de 18 à 45 ans. Parmi ceux-ci près de 200 y laissèrent leur vie, beaucoup d'autres y participèrent et en revirent blessés ou traumatisés. Aucun n'en revint indemne. C'est en hommage à tous ceux-ci, aux mères, aux femmes, aux enfants aussi. Nous allons, dans ce blog, parlés des morts et de leur calvaire. Nous allons aussi, mais c'est plus difficile tenté de parler du calvaire des vivants, pendant et après.
Nous allons décrire et nous souvenir du sacrifice que tous firent.
Ce site n'est en aucun cas un panégyrique de la guerre. C'est juste, à l'occasion du centenaire, se souvenir.
Je serais assez tenté de dire comme certains monuments aux morts "Maudite, soit la guerre"... mais je respecte le sacrifice de toutes les petites gens qui y prirent, d'une façon ou d'une autre, part. Je ne parlerais pas d'Histoire, avec le grand H, sauf pour resituer le contexte. Nous n'évoquerons pas les hommes politiques, ni les généraux. Il y a tant d'ouvrages pour cela.
J'ai bien entendu besoin de tous: autorités civiles, religieuses, associations, familles pour faire de ce site une référence et un outil de mémoire au service de tous. N'hésitez pas à me communiquer toute information susceptible d'enrichir les fiches individuelles; ou tout témoignage sur ceux qui en sont revenus
Les prémices
Au début de l'été 1914, la saison du thon a bien commencé, et la moisson s'annonce excellente,...
Le
dimanche 28 juin 1914, l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche, héritier de l'empire austro-hongrois et son épouse sont assassinés à Sarajevo,
par un "terroriste" nationaliste serbe, Cavrilo Princip (19 ans). L'assassin est soupçonné d'appartenir à l'organisation secrète (Main Noire),
manipulée par le chef des services de renseignement de Belgrade (colonel Dimitrievitch). Cette organisation prône la réunion de tous les Slaves du Sud autour de la Serbie, principal Etat slave des Balkans.
A ce titre, elle s'indigne de l'annexion de la Bosnie-Herzégovine par
l'Autriche en 1908.
Leur
mort laisse d'abord l'Europe indifférente, et bien plus encore nos groisillons. Le prince, que
François-Joseph 1er n'aimait pas, est enterré à Vienne
en catimini. Mais les diplomates de tous bords
se saisissent bientôt de l'incident comme d'un exutoire à toutes les tensions qui traversent le continent. Imputé à la Serbie par les autrichiens, l'assassinat sert de prétexte au déclenchement de ce qui deviendra la
1ère Guerre Mondiale.
Depuis 1871, l'Europe vivait sous un régime entre paix et guerre, la
"paix armée" dira-t-on. Après que
l'Allemagne ait conclu sa "Triple Alliance" (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie) en 1882,
laFrance mena à bonne fin de 1893 à 1907 la "Triple Entente" pour rétablir
l'équilibre européen (France, Russie, Royaume-Uni). Toutefois, l'assassinat de l'archiduc héritier d'Autriche en juin 1914 offrait à l'Allemagne un prétexte pour déclarer la guerre à la Russie.
Juillet
La tension monte et le mardi 14, jour de la fête nationale, Jean Jaurès, en bon visionnaire, appelle à la grève générale internationale contre la guerre. Ce qui reste malheureusement sans grands effets
L'Autriche adresse un ultimatum à la Serbie le 23, sous prétexte de la nationalité de l'assassin du couple princier et du nationalisme de certains groupes serbes. Elle prend le risque d'une guerre localisée pour simplement humilier la
Serbie.
Le mardi 28, Vienne déclare la guerre à la Serbie.
Le mercredi 29, le Bureau Socialiste International demande à tous les partis socialistes des pays
menacés par la guerre d'organiser des manifestations pacifistes.
Le jeudi 30,
apprenant que Belgrade a été
bombardée par les Autrichiens, le tsar
de Russie Nicolas II décrète la
mobilisation générale au nom de
la solidarité slave.
A
Paris, le président de la
République, Raymond Poincaré,
et le président du Conseil,
René Viviani, rentrent d'un voyage à Saint-Pétersbourg, auprès de leur allié, le tsar. Ils sont acclamés par la foule aux cris de «Vive l'armée» ou même «Vive la guerre ! ».
Raymond Poincaré a donné au tsar l'assurance de «seconder
entièrement, dans l'intérêt de la paix générale, l'action du
gouvernement impérial». C'est
fort de cette assurance que le tsar a engagé la mobilisation générale.
En guise de mesure d'apaisement, la France ordonne le recul de son armée à 10 kilomètres de sa frontière
avec l'Allemagne.
Le vendredi 31, dans un café parisien, "le Croissant", Raoul Vilain, adhérent de la «Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine», groupement d'étudiants nationalistes, partisan de la guerre assassine Jean Jaurès. Le leader respecté des socialistes était l'un des derniers partisans de la paix avec Joseph Caillaux; le premier par humanisme, le second par raison. Il n'y a plus d'obstacle à la guerre.
Mais qu'en savent les groisillons ? Quels relais la presse locale ou régionale font-elles. A la lecture de "La Croix de l'Ile de Groix" du 16 juillet . Aucun. Tout juste le compte rendu de la bénédictions des Dundees du 28 juin, ou les premiers résultats de la campagne de pêche. Après la feuille cesse de paraître. Au prosne de la grand'messe du dimanche 28 juillet... Qu'en dit le recteur ?
La Mobilisation n'est pas la Guerre
Aout 1914
Le samedi 1er, l'ordre de mobilisation générale
est déclarée en France et en
Allemagne. L'Allemagne déclare la guerre à la Russie.
A la fin de l'après-midi, le tintement
répété de la grosse cloche
de l'église du bourg, le tocsin, alerte
les habitants de l'île "Ecoutez comme ça sonne ! On dirait que la guerre est déclarée… C'est la guerre ! " … Tous savaient que ça allait mal
depuis quelques jours: les événements se précipitaient. Mais beaucoup espéraient qu'on n'arriverait jamais à cette situation. C'est vers 16 heures que l'ordre de Mobilisation Générale a été placardé dans tous les bureaux de poste. Une telle nouvelle parvient rapidement,
même jusqu'à Groix. Le premier jour
de la mobilisation est le
dimanche 2
août 1914
à 0 heure. Les hommes doivent partir le
deuxième jour, comme l'indique leur fascicule de mobilisation, bon citoyen et
bon
soldat, respectueux des ordres, ils partent
pour
Lorient le 3 août au matin, la musette
bourrée de victuailles sur le dos, parmi eux Emile LE CLAINCHE, et Gaston LE MOUROUX, tous deux du bourg...
Dimanche 2, le caporal Peugeot (44ème R.I., de
Belfort) et le lieutenant Mayer (5ème Chasseurs à cheval prussien, de Mulhouse), s'entretuent au cours d'une escarmouche, près de Joncherey (au nord de Belfort). Ce sont les premiers morts
militaires français et allemand de la guerre.
Les groisillons affectés à l'infanterie, ceux qui ne sont pas inscrits maritimes d'abord, rejoignent le 62ème
régiment d'infanterie (62ème R.I.)
de Lorient, ils participeront dans une première période à la
campagne conduite par la IXème armée commandée par le général Foch. Le 62ème
appartient au 11ème corps d'armée (11° CA), 22ème division (22°
DI., 43ème brigade (43° BR)
commandée par le colonel Costebonnel. Ultérieurement, le 17 septembre 1914, le 11° C.A. sera
rattaché à la Vème
Armée commandée par le
Général Franchet
d'Esperey.
Beaucoup d'autres, les inscrits maritimes, les plus nombreux sont embarqués ou rejoignent les dépôts des équipages en attente d'une affectation. Certains forment, avec les 700 apprentis fusiliers et leurs instructeurs qui quittent leur casernement flottant, le "Calédonien", un ancien transport de bagnards. avec les réservistes le 3ème bataillon du 1er régiment de fusiliers marins. Parmi eux il y a Laurent DERRIEN, de Ker Port-Lay, Laurent STEPHANT, de Port-Lay, Louis BLOREC de Locmaria,Théodore et Eugéne METAYER de Locmaria, Yves SALAHUN de Locmaria, Jean TONNERRE de Locmaria. Le régiment sera mis à disposition de l'armée de terre. D'autres rejoindront les régiments d'infanterie coloniale.
Lundi 3 :l'Allemagne déclare la guerre à la Belgique (en violant la neutralité de ce pays) qui a rejeté l'ultimatum de la veille. Et l'Allemagne se déclare la guerre à la France évoquant de faux prétextes (notamment des incidents de frontière)
Depuis l'alliance franco-russe l'état-major allemand s'était préparé à une guerre sur deux fronts, à l'Est contre la Russie à l'Ouest contre la France. L'économie allemande ne pouvant soutenir un conflit de longue durée, l'essentiel des forces du Reich devait être tourné contre laFrance. L'armée française pouvait être battue en 6 semaines, avant l'entrée en ligne des armées russes, lentes à se mobiliser et contre lesquelles, on se retournerait ensuite.C'était, pensait-on à Berlin, "question de vitesse et de force brutale".
Le plan des opérations est conçu depuis 1905, par le chef d'état-major de l'époque, le général von Schlieffen. Il reposait sur une grandiose stratégie de l'enveloppement,
sensiblement modifié par le nouveau commandant en chef, le général von Moltke, le neveu du vainqueur de 1870. Contrairement aux recommandations expresses de Schlieffen, Moltke avait diminué l'effectif de la masse de manœuvre allemande, l'"aile marchante". Cette aile droite, forte d'une soixantaine de divisions, traversant la Belgique par surprise envelopperait les armées françaises d'un gigantesque mouvement
en coup de faux et les contraindrait à la capitulation, l'action de l'aile gauche renforcée assurant l'encerclement complet. Du côté français, bien que la doctrine militaire fût résolument offensive, il n'était pas question, pour des raisons politiques, de porter atteinte à la neutralité belge, en dépit des soupçons que l'on eut sur les intentions allemandes.
La Guerre est déclarée
Mardi 4 août, l'armée allemande franchit la frontière belge; cela pousse la Grande-Bretagne, outrée de la violation du territoire belge, qui la menace directement, à prendre part au conflit, elle déclare la guerre à l'Allemagne. Mercredi 5, le Monténégro déclare la guerre à l'Autriche.
Ce même jour (ou le 7), au
cours de la prise d'armes marquant le départ du 62ème R.I., le colonel Costebonnel, dans une
harangue empreinte du "plus pur patriotisme", indique à tous "le chemin du devoir et la grandeur du sacrifice que la Patrie attend d'eux". Un immense cri de "Vive la France"
répond à ces "nobles
paroles"
Vendredi 7, première offensive française en Alsace.
Le
président du Conseil, André Viviani, demande aux femmes de France de remplacer les hommes
pour les travaux des champs : "Remplacez sur
le champ du travail ceux qui sont sur le champ de bataille". Ce
jour (et le 8 à 4h.), le 62ème R.I. s'embarque à Lorient. Le trajet de la caserne à la gare (sous une
pluie terrible) est, pour le régiment, une véritable marche triomphale. Une
foule émue l'entoure et l'acclame sans
discontinuer. Le sous-préfet, la municipalité et toute la population lorientaise se trouvent à la gare pour saluer le drapeau et les bataillons qui partent pour la frontière. L'histoire officielle dit que; "les soldats sont animés d'un enthousiasme indescriptible; des cris de joie s'élèvent de toutes parts, on a
l'impression que chacun s'apprête à faire consciencieusement son devoir
pour défendre le sol sacré de la Patrie menacée et déjà envahie".
Les trains réalise l'itinéraire Nantes, Le Mans, Chartres, Reims, Verdun en plus de 36 h. En cours de route, à Versailles, le régiment apprend la prise de Mulhouse (par les Français). Cette nouvelle soulève de nombreux cris d'enthousiasme.
Le samedi 8, le Monténégro déclare la guerre à l'Allemagne.
Dimanche 9, vers 22h., le 62ème débarque,
au clair de lune, à
Châtel-Chéhery (Ardennes); aux confins de la forêt de l'Argonne, près d'Apremont et du funeste bois de la Gruerie dont nous reparlerons.
Lundi 10, le 62ème, après une marche sous un soleil épouvantable, cantonne à Germont et à Belleville (3ème bat.). La troupe est bien accueillie.
Mardi 11, les marches de concentration commencent.
Les
11, 12, 13 et 14, le 62ème stationne
à Oches. Pour éviter tout
incident, les officiers consignent les débits de boissons. La troupe couche
plusieurs nuits dans les bois de la Besace.
Mardi 12,
la France et la Grande-Bretagne
déclarent la guerre à
l'Autriche
Le Vendredi 14, débute la 2ème offensive française en Alsace et l'offensive française en Lorraine et sur les Vosges.
Le samedi 15, l'armée belge se replie dans son ensemble sur Anvers. A partir de cette date (jusqu'au 29), contre toute attente, la Prusse orientale est envahie par les troupes russes (elles-mêmes arrêtées à Tannenberg).
Le 62ème continue sa marche et se porte dans la direction de Sedan et atteint Noyers (au sud de Sedan).
Le dimanche 16, à 8h, un peloton de la 8ème cie du 62ème est envoyé à Bazeilles en soutien de la cavalerie divisionnaire opérant sur la rive droite de la Meuse en liaison avec la 21ème D.I. A 13h., la 9ème cie est dirigée sur Vadelincourt pour reconnaître les passages de la Meuse; à 16h., le 62ème, qui fait partie de l'avant-garde de la division, se porte sur Muno par Douzy, Pourru St Rémy et Messincourt. Il atteint Muno (Belgique) à 22h. où il s'installe en cantonnement d'alerte couvert par le bat. Voilliard qui prend les avant-postes. L'accueil de la population est excellent; elle offre à ces braves soldats français boissons et tabac à volonté.
C'est le 17 août que les 3 compagnies de fusiliers marins défilent sur le cours Chazelles, pour aller prendre leur train pour Paris
(voir article suivant)
Le jeudi 20 août, les allemands entrent dans Bruxelles, ville ouverte.
Après quelques succès en Alsace et en Lorrain, l’armée allemande contre-attaque et oblige les français à reculer les 21, 22 aout, mais ces opérations qui ont lieu sur ce front n'auront qu'une valeur secondaire. Tout l'intérêt se porte sur la Belgique. Ici, les Anglais ont pris contact à Waterloo avec les Allemands. Heurts aux forces ennemies en avant de Charleroi, entre cette ville et Namur, c'est-à-dire sur un champ de bataille classique et qui a été souvent favorable aux armées françaises. Les troupes allemandes cantonnées à Bruxelles ont quitté précipitamment cette capitale pour descendre vers Namur par Nivelles.
Le 62ème qui est entré en Belgique se dirige sur Paliseul, mais, avant d'arriver, on entend la fusillade. Le général de division pousse le 62ème sur Maissin pour appuyer les régiments déjà engagés. Les Allemands ont mis le feu au village. Arrivant par le sud, on entend le bruit du canon et celui de la fusillade qui augmentent d'intensité. C'est le baptême du feu.
Le feu de l'infanterie allemande devient extrêmement violent, un ennemi invisible, en position sur les hauteurs, avec un grand nombre de mitrailleuses, ouvre un feu nourri; les bataillons subissent des pertes sérieuses. Vers 19h., le clairon sonne la charge, les hommes s'élancent à l'assaut, Maissin est pris et 60 prisonniers sont faits.
Pendant la nuit, les hommes sont réveillés dans la nuit par une contre-attaque, le village est de nouveau en feu, des coups de feu éclatent de partout. Les hommes prennent la fuite, après avoir repoussé 3 contre-attaques. Le régiment se débande.
Dimanche 23, pendant que le Japon déclare la guerre à l'Allemagne, on assiste au repli général de la Vème Armée française
Dans ces premières journées de bataille un grand nombre d'officiers et de soldats tombent glorieusement non sans avoir fait subir à l'ennemi des pertes plus lourdes.
Lundi 24, le 62ème bat en retraite sur la Meuse et se dirige par Illy et Givonne /Sedan, où il passe le fleuve, le régiment traverse Sedan sans s'y arrêter. Il cantonne dans un bois, dans des tranchées à Vadelincourt.
Mardi 25; le 62ème est alerté, il reçoit l'ordre de mettre en état de défense et d'occuper Vadelincourt et Fresnois avec mission d'interdire les passages de la Meuse. La 10ème cie livre une bataille terrible à Chevenges. Jour de chance pour les groisillons, aucun ne fait parti de nombreux morts.
C'est à ce moment que Moltke, jugeant la partie gagnée sur le front occidental, s'inquiète du front russe et ordonne le transfert de 6 corps d'armée vers lui. En fait, 2 corps seulement y seront envoyés, mais leur absence se fera lourdement sentir lors des combats décisifs livrés sur la Marne une semaine plus tard.
Le 62ème, reçoit l'ordre de se replier sur Château Rocan au sud-ouest de Chéhery
Le jeudi 27, Moltke ordonne à ses commandants d'armée de "marcher sur Paris".
la 22° D.I. bat en retraite sur Chaumont - St Quentin. Le 62ème se reforme à Malmy où doit être prise une position de repli pour permettre à la D.I. de se reconstituer. A 13h., le 11ème C.A. reprenant l'offensive, le 62eme quitte Malmy et se porte par Chéhery dans la direction de Bulson - Saint-Quentin où la D.I. doit contre-attaquer.
La résistance de la Belgique a ralentie l'offensive allemande.
La principale colonne de l'armée d'invasion avance. Elle était hier dans la forêt de Compiègne (28 août). Cependant sur ses flancs. L'armée française tient bon.
Mais c’est déjà une véritable hécatombe dès le premier mois de la guerre ; d'août 1914 à décembre, 492 000 soldats français tombent. En toute hâte, le général Joffre relève de leur commandement 134 officiers généraux, les envoyant en disponibilité dans la 12ème Région militaire, celle de Limoges d'où l'expression " limoger " restée célèbre.
Le samedi 29, une vigoureuse contre-attaque de la 5ème armée à Guise brise l'élan allemand.
Le 62ème régiment est attaqué dans la nuit, et nouvelle débandade
Le dimanche 30, Joffre donne l'ordre de repli général vers la Seine.
Le 11ème C.A. reprend son mouvement de retraite sur l'Aisne. Le régiment se porte par Mametz /Suzanne où il reçoit l'ordre de contre-attaquer sur Tourteron. Ce mouvement ne peut s'exécuter et le 62ème se porte alors sur Attigny, où il passe l'Aisne, il marche ensuite sur Vaux-Champagne où il bivouaque. Pendant la nuit, il met en état de défense les hauteurs au sud d'Attigny.
Le lundi 31, Compiègne à 80 km de Paris est occupé.
A 5h, le 62ème reçoit l'ordre de quitter ses positions et de se porter au nord-est de Pauvres où la 43ème brigade, formant arrière-garde doit s'établir sur 2 lignes : le 62ème à droite, le 116ème vers Pauvres.
Septembre
Kluck atteint, le mardi 1er septembre, Crépy-en-Valois et Villers-Cotterêt, prêt, semble-t-il, à attaquer Paris dont ses avant-gardes ne sont qu'à quelques dizaines de kilomètres.
Retraite générale des armées françaises et anglaises sur une ligne Bray/seine, Nogent/seine, Arcis /aube Vitry le François, Bar le Duc Le glissement vers le sud-est des armées allemandes qui va donner l'occasion patiemment attendue d'une contre-offensive.
Le changement d'orientation des armées allemandes est discerné dès le 31 août. Mais il faut attendre le 3 septembre pour que ces renseignements soient pris en considération. On comprend vite, malgré les doutes, le parti que l'on pouvait tirer d'une attaque menée depuis le camp retranché contre les colonnes allemandes en marche.
Le mercredi 2 septembre, l'état-major est encore persuadé que les Allemands marchent sur Paris. Le gouvernement quitte la capitale où le général Gallieni s'apprête à soutenir un siège. Le même jour, le 116ème est chargé de tenir la Suippe; le 62ème, soutenu par un groupe d'artillerie, doit tenir Moronvillers. Mais l’ennemi prend le village à 21h.. Le régiment, qui a reçu alors l'ordre de se replier, gagne Prosne où il arrive à 23h. et il cantonne.
Le jeudi 3, le 62ème quitte Prosne à 4h. et se porte par Mourmelon-le-Petit, sur les Grandes Loges.
Dès le vendredi 4, Gallieni rassemble toutes les forces disponibles du
camp retranché (6.000 soldats), pour agir rapidement, il réquisitionne
tous les taxis parisiens afin de transporter les hommes et ordonne à la
6ème armée de marcher sur le flanc droit de Kluck entre Senlis et
Meaux. Ce renfort inespéré de troupes fraîches pèsera lourd dans la
victoire de la Marne.
Ce même jour à 4h, le 62ème quitte le bivouac, traverse la Marne à Matougue et se porte dans la direction de Chéniers puis vers Soudron, que le régiment atteint à 22h.
Joffre décide que l'on se battra sur la Marne. Mais que feront les troupes harassées par 15 jours de retraite ? Seront-elles en état de reprendre l'offensive ? Enfin quelle date fixer pour le jour J. ? Joffre hésite, envisage le 7, puis avance la date au 6 septembre. Aussitôt, il rédige et signe les dispositions générales en vue de la bataille prochaine.
Le 5 septembre: les divisions de Kluck franchissent la Marne à Château-Thierry et à l'ouest.
Ce même jour, le 62ème se porte, par Vatry, sur Sommessous. A 9h, il reçoit l'ordre de s'installer, au nord de Sommessous. Les 2ème et 3ème bat. prennent position de chaque côté de la route de Chalons. Le 1er bat. est en réserve. A 17h., les dispositions sont modifiées. La 43ème brigade doit tenir solidement Sommessous et les passages de la Somme.
Et la brigade des fusiliers marins naquit
Contraint d'envoyer tous les régiments d'active sur les fronts, et désireux d'avoir des hommes fiables pour le maintien de l'ordre dans Paris; il fut décidé la constitution d’un régiment de marins, qui serait affecté à la police de Paris, dès les premiers jours de guerre (D.M. des 7 et 9 août 1914).
Les 4 premiers dépôts en fournirent les éléments: le 1er bataillon fut constitué à partir des hommes non embarqués des dépots de Cherbourg (3 compagnies) et de Rochefort (1 compagnie), le 2ème bataillon à partir du dépôt de Brest et le 3ème bataillon à partir du dépôt de Lorient et de l'école des fusiliers marins (4 compagnies). Les différentes compagnies sont acheminées par train jusqu'à Paris et se regroupent au "Grand Palais", pour former le 1er régiment.
Une dépêche Ministérielle du 16 août prescrit aux dépôts la constitution de 8 nouvelles compagnies destinées à former un 2ème Régiment de Marins: Cherbourg fournira une compagnie, Lorient trois et Brest quatre. La formation d’un 3ème bataillon est prescrite au port de Rochefort par Dépêche Ministérielle du 25 août.
On peut ainsi affirmer que près de 1 750 hommes sont originaires de la Région de Lorient dans cette brigade. Combien de groisillons ? Nous savons toutefois que 9 périrent sous ses couleurs (qu'ils n'avaient d'ailleurs pas. un drapeau ne leur sera remis par le Président de la République que le 11 janvier 1915 ) d'octobre 1914 à janvier 1915 ( BLAUREC Louis Marie J. - METAYER Eugène - DERRIEN Laurent A - STEPHANT Laurent Marie - RAUDE Pierre Laurent - SALAHUN Yves Benoît - STEPHANT Elisée Pierre - METAYER Théodore et TONNERRE Jean Marie) et trois autres ultérieurement lorsqu'il ne sera plus qu'un bataillon : GUERAN Louis Charles - STEPHANT Jean Emmanuel - TUAUDEN Eugène Mathurin. mais nous y reviendrons.
La brigade reste dans le camp retranché de Paris pendant tout le mois de septembre.
La bataille de la Marne , 1er mort groisillon
La bataille de la Marne s'engage dès le 6 septembre sur toute la ligne de front. L'ensemble des armées françaises, ainsi que la petite armée anglaise, se préparent à prendre l'offensive . Le Généralissime adresse une proclamation aux armées qui deviendra historique : " Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du Pays, il importe de
rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à
attaquer et repousser l'ennemi. Toute troupe
qui. ne peut plus avancer devra, coûte que
coûte, garder le terrain conquis et se
faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. " Le 11ème Corps d'Armée (auquel appartient le 62ème RI), est établi défensivement de Morains-le-petit à Lenharrée et même Vassimont et Sommesous, pour barrer à l'ennemi les routes venant de Chalons et de Vertus. La 44 ème brigade (19e RI et 118e RI) tient le front de Normée exclus à Lenharrée. Le reste du régiment s'établit en réserve derrière
le remblai de la voie ferrée. Le 118e RI se positionne dans les bois au sud de Normée inclus. La 43 ème brigade (62e RI et 116e RI) couvre le flanc droit jusqu'à Vassimont. Les 1er et 3ème bataillons du 19ème, avec 2 sections de mitrailleuses en avant du village de Lenharée.
Les différentes unités sont en place vers 10 h. Sous une chaleur
étouffante, les heures passent, angoissantes. Vers 14 h, une attaque de
150 cavaliers Allemands est repoussée.
Le 7 septembre, ordre est donné au 11ème corps d'armée de maintenir ses positions et d'attaquer l'ennemi: " Avec l'appui de l'artillerie, la 21ème division d'infanterie s'efforcera de reprendre Morains le Petit-Ecury-Normée. La 22ème division d'infanterie appuiera l'attaque de la 21ème division et tiendra solidement Lenharrée."
Or, dès le matin, les Allemands attaquent, empêchant l'action offensive du 11ème corps d'armée.
A Lenharrée, le bombardement est très intense, les combats sont violents. Malgré plusieurs assauts ennemis, le 19ème Régiment d'Infanterie se maintient, non sans de fortes pertes. Les tirs des 75 Français ont permis a 2 reprises de repousser les assauts Allemands. A aucun moment de la journée, ceux ci ne pénétreront dans le village de Lenharrée.
Vers 19 heures, le 19e R.I. reçoit un message : "J'adresse toutes mes félicitations au 19e RI pour sa glorieuse conduite. Je mets à votre disposition un bataillon du 62e R.I. et un bataillon du 116e R.I. Toute la ligne passera à l'offensive le 8 à 4 heures du matin."
Les bataillons des 62e et 116e R.I. relèvent les unités du 19ème RI en avant de Lenharrée. Le 19ème régiment d'infanterie
se reforme le long de la voie ferrée pour prendre un repos bien mérité
avant de repartir à l'attaque prévue à 4 heures du matin.
Emile Eugène LE CLAINCHE (voir article suivant) est probablement blessé le 6 ou le 7 septembre. et il est évacué vers un poste de secours à l'arrière (à Gourgançon)
Mais cette offensive du 8, n'eut pas lieu car, vers 3h30, les Allemands déclenchent une attaque générale sur Lenharrée-Haussimont-Vassimont.. Ils réussissent à s'emparer de Haussimont et de Vassimont. Mais, pris sous le feu nourri les compagnies qui garnissent la lisière des bois, il subissent de lourdes pertes et ne peuvent progresser. L'ennemi renouvelle ses efforts toujours avec le même insuccès, mais vers 10h., ces unités constamment renforcées parviennent à faire céder le 2ème bat. du 62ème et le 1er bat. du 116ème, qui occupent Lenharée, violemment bombardés et attaqués par les forces supérieures, sont obligés de se retirer par la voie ferrée. Les allemands prennent le village de Lenharrée et parviennent à la voie ferrée où se trouve le 19ème régiment. Après de furieux combats, la 22ème division d'infanterie, se replie sur Fère Champenoise et Connantray. Le 11e C.A livre de durs combats sur le plateau d'Oeuvy ou il subit de fortes pertes, puis se replie sur Corroy, Gourgançon, Semoine qui sera le point extrême de la retraite. Le 62ème, qui s'est rallié sur les positions au sud de ce village, organise celles-ci défensivement pendant la nuit: les 1er et 3ème bat. en 1ère ligne, le 2ème bat. en réserve.
Dans la soirée, des nouvelles réconfortantes arrivent "les allemands sont en retraite sur tout le front".
Mercredi 9, dans la matinée, l'artillerie allemande se montre très active, dans le but de permettre à son infanterie de se replier, elle canonne violemment nos positions. A 18h., le 62ème reçoit l'ordre de reprendre l'offensive et de se porter à Montepreux et la côte 209. A 23h, il atteint les positions indiquées, mais un nouvel ordre le ramène en arrière, et, à 3h., il réoccupe les positions primitives au sud de Semoine.
Jeudi
10, offensive française en Argonne
A 6h., la 43ème brigade reçoit l'ordre de reprendre l'offensive dans la direction de Sommesous. Le 62ème se porte en avant à 8h.; le 3ème bat. forme l'avant-garde. Il occupe successivement la côte 206 et la hauteur de l'Arbre; puis, renforcé par le 2ème bat., il se porte sur la côte 209. A 18h., la 43ème brigade reçoit l'ordre d'enlever Sommesous. Le 1er bat. attaque dans le triangle de la voie ferrée et la route de Mailly en liaison avec la gauche du 116ème R.I. Le 3ème bat. en réserve à hauteur de l'Arbre.Dans la nuit, les Allemands évacuent Sommesous abandonnant leurs morts et blessés. Les environs sont jonchés de nombreux cadavres attestant la violence de la lutte.
Ordre de repli général des troupes
allemandes
Vendredi
11,
recul général des armées allemandes, entre l'Ourcq et Verdun.
La
véritable poursuite commence. Dans la joie de la victoire, les hommes oublient
toutes leurs fatigues, toutes leurs privations, les colonnes ennemies sont talonnées à courte distance et, le soir,
après une marche de toute la
journée, on est déjà loin
de Sommesous, on cantonne à Nuisement, le 116ème prend les avant-postes.
Le 12 septembre, ils traversent Chalons en Champagne, Saint Etienne et Fontenelle où le 19e RI bivouaque le soir.
Lundi 14, fin de la bataille de la Marne. Le front se stabilise entre l'Oise et l'Argonne. La victoire française n'est pas décisive,
faute d'avoir pu être
exploitée.
Le 21 septembre, se trouvant à Rilly, les régiments prennent connaissance de l'ordre d'évacuation du 11ème C.A. Il est rattaché à la IIéme Armée. Les régiments rejoignent Compiègne à marche forcée ou ils sont embarqués, le 22 septembre, en chemin de fer pour Amiens dans la Somme
Emile Eugène LE CLAINCHE
Il est né le 23 janvier 1889 à Naizin (Morbihan). Il est le fils de Louis, le menuisier du village et de Jacquette AUDO, le seconde épouse de Louis que celui-ci a épousé après le décès de sa première épouse, Mathurine AUDO en 1874 (la soeur de Jacquette ?). Emile a une demi-soeur, Fleur, née de ce premier mariage de Louis.
Emile Eugène a vécu sa jeunesse au pied de ce clocher.
Naizin fait partie du canton de
Locminé. Située à 120 mètres d'altitude et voisine des communes de
Moustoir-Remungol et de Kerfourn,
Mais que vient donc faire ce "terrien" sur l'Ile de Groix ?
Pourquoi son nom est-il inscrit sur la plaque souvenir rappelant les morts de 14/18, au
coeur de l'église de de Groix ? Probablement est-il venu, attiré par la manne de la pêche
thonière, et à trouver à s'embarquer pour les campagnes de pêche. Peut-être avait-il
rencontré une jolie groisillonne à qui il s'était promis ???
En 1914, il a 25 ans, il semble résider régulièrement à Groix, dans le bourg.
A 20 ans en 1909, il a dû faire ses classes et son service de 2 ans au 62ème
régiment d'infanterie à Lorient, d'où il sort avec le grade de caporal.
Trois ans après seulement, le 3 août 1914, il est rappelé, comme beaucoup, et
il se rend sans hésiter à la caserne Bisson.
Les trains réalisent l'itinéraire Nantes, Le Mans, Chartres, contourne Paris, puis Reims, Verdun
en plus de 36 h. En cours de route, à Versailles, le régiment apprend la prise
de Mulhouse (par les Français). Cette nouvelle soulève de nombreux cris
d'enthousiasme.
Le dimanche 9, vers 22h., Emile Eugène débarque, au clair
de lune, avec ses copains à Châtel-Chéhery (Ardennes); aux confins de la forêt de l'Argonne,
près d'Apremont et du funeste bois de la Gruerie dont nous reparlerons. Là commence la longue marche.
Le lundi 10, après une marche de 25 km sous un soleil épouvantable, il cantonne à Germont. La troupe est bien accueillie.
Mardi 11, nouvelle marche vers Oches. ils y restent les
11, 12, 13 et 14 au nord de ce village, dans les bois de Besace. Il n'y a pas beaucoup de distractions et pour éviter tout incident, les
officiers consignent les débits de boissons. Le samedi 15, le régiment reprend sa marche jusqu'à Noyers (au sud de Sedan). Nouvelle étape de 25 km avec tout le barda sur le dos.
Le fantassin porte tout ce qui lui est nécessaire.
Le 16, le 62ème R.I., qui fait partie de l'avant-garde de la division, se porte sur
Muno qui se trouve tout de suite après la frontière belge, ils y arrivent, harassés, à 22h. où ils s'installent en cantonnement d'alerte couvert par
le bataillon Voilliard qui prend les avant-postes. L'accueil de la
population est excellent; elle offre à ces braves soldats français
boissons et tabac à volonté.
Le 20, le régiment se dirige sur Paliseul, mais, avant
d'arriver, on entend la fusillade. Le général de division pousse le
62ème, le 21, sur Maissin pour appuyer les régiments déjà engagés. Les
Allemands ont mis le feu au village. Arrivant par le sud, on entend le
bruit du canon et celui de la fusillade qui augmentent d'intensité.
C'est le baptême du feu pour Emile et ses camarades.
Vingt jours qui l'attende et le redoute. Le feu de l'infanterie allemande devient extrêmement violent, un ennemi
invisible, en position sur les hauteurs, avec un grand nombre de
mitrailleuses, ouvre un feu nourri; les bataillons subissent des pertes
sérieuses. Le village et les bois environnants devinrent l'enjeu de
combats acharnés. Attaques et Contre-attaques se succédèrent sous le
feu des mitrailleuses et des obus des deux artilleries. Vers 19h, le clairon sonne la charge, les hommes s'élancent
à l'assaut, Maissin est pris et 60 prisonniers sont faits.
Pendant la nuit, du 22 au 23, les hommes sont réveillés dans la nuit par une
contre-attaque, le village est de nouveau en feu, des coups de feu
éclatent de partout. Les hommes prennent la fuite, après avoir repoussé
3 contre-attaques. Le régiment se "débande".
Suivant le mouvement général de l'armée qui se reportait vers la frontière française, le régiment bat en retraite le dimanche 23 août, en abandonnant le champ de bataille, les morts et les blessés intransportables à l'ennemi. Des centaines de blessés reçurent les premiers soins dans les villages de Transinne, Redu et Our où ils furent faits prisonniers par l'armée allemande. On peut considérer cette bataille de rencontre comme l'un des plus meurtriers affrontements, avec Rossignol et Ethe, du samedi 22 août 1914 dans la province belge de Luxembourg. Les pertes du côté français sont de 4 500 hommes blessés ou tués. Jour de chance pour les groisillons, aucun ne fait parti de ces nombreux morts.
La longue marche reprend à l'envers. Le dimanche 23, on fait 30 km, le lundi 24, presque autant, le régiment bat en retraite sur la Meuse et se dirige par Illy et Givonne, où il passe le fleuve, puis traverse Sedan sans s'y
arrêter. Les hommes cantonnent dans un bois, dans des tranchées à Wadelincourt. L'ordre est donné de mettre en état de défense et d'occuper Wadelincourt
et Fresnois avec mission d'interdire les passages de la Meuse. La 10ème
compagnie livre une bataille terrible à Cheveuges. Puis, le 62ème, reçoit l'ordre de se replier au sud-ouest
de Chéhery, encore une "promenade" d"une vingtaine de km. C'est ce qu'on appelle une guerre de mouvement.
Le jeudi 27, le régiment se
reforme à Malmy où doit être prise une position de repli pour permettre
à la Division de se reconstituer. A 13h., reprise de
l'offensive, retour en arrière, le 62eme quitte Malmy et se porte par Chéhery dans la
direction de Bulson.
Le samedi 29, le 62ème régiment est attaqué dans la nuit, et nouvelle débandade
Le dimanche 30, repli général vers la Seine.
Le 11ème C.A. reprend son mouvement de retraite sur l'Aisne. Le
régiment se porte par Mametz /Suzanne où il reçoit l'ordre de
contre-attaquer sur Tourteron. Ce mouvement ne peut s'exécuter et le
62ème se porte alors sur Attigny, où il passe l'Aisne, il marche
ensuite sur Vaux-Champagne où il bivouaque. Pendant la nuit, il met en
état de défense les hauteurs au sud d'Attigny.
Le lundi 31, à 5h, le 62ème reçoit l'ordre de quitter ses positions et de se porter
au nord-est de Pauvres où la 43ème brigade, formant arrière-garde doit
s'établir sur 2 lignes: le 62ème à droite, le 116ème vers Pauvres.
Le mercredi 2 septembre, le 62ème, soutenu par un groupe d'artillerie, doit tenir Moronvillers. Mais l’ennemi prend le village à 21h.. Le régiment, qui a reçu alors l'ordre de se replier, gagne Prosne où il arrive à 23h. et il cantonne. Le jeudi 3, il quitte Prosne à 4h. et se porte par Mourmelon-le-Petit, sur les Grandes Loges.
Dès le vendredi 4, à 4h, le 62ème quitte le bivouac, traverse la Marne à Matougue et se porte dans la direction de Chéniers puis vers Soudron, que le régiment atteint à 22h.
Joffre décide que l'on se battra sur la Marne. Mais que feront les troupes harassées par 15 jours de retraite ? Seront-elles en état de reprendre l'offensive ? Enfin quelle date fixer pour le jour J. ? Il hésite, envisage le 7, puis avance la date au 6 septembre. Aussitôt, il rédige et signe les dispositions générales en vue de la bataille prochaine.
Le 5 septembre, le 62ème se porte, par
Vatry, sur Sommessous. A 9h, il reçoit l'ordre de s'installer, au nord
de Sommessous. Les 2ème et 3ème bataillons prennent position de chaque côté
de la route de Chalons. Le 1er bataillon est en réserve. A 17h., les
dispositions sont modifiées. La 43ème brigade doit tenir solidement
Sommessous et les passages de la Somme.
La bataille de la Marne s'engage dès le 6 septembre sur toute la ligne de front. L'ensemble des armées françaises, ainsi que la petite armée anglaise, se préparent à prendre l'offensive. Le Généralissime adresse une proclamation aux armées qui deviendra historique: "Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du Pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et repousser l'ennemi. Toute troupe qui. ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée."
Le 11ème Corps d'Armée
(auquel appartient le 62ème RI), est établi défensivement de Morains-le-petit à Lenharrée et même
Vassimont et Sommesous, pour barrer à l'ennemi les routes venant de
Chalons et de Vertus. La 43 ème brigade (62e RI et 116e RI) couvre le flanc
droit de Lenharrée jusqu'à Vassimont. Les 1er et 3ème bataillons du 19ème, avec
2 sections de mitrailleuses en avant du village de Lenharrée.
Les différentes unités sont en place vers 10 h. Sous une chaleur étouffante, les heures passent, angoissantes. Vers 14 h, une attaque de 150 cavaliers Allemands est repoussée.
Le 7 septembre, ordre est donné au 11ème corps d'armée
de maintenir ses positions et d'attaquer l'ennemi: "Avec l'appui de
l'artillerie, la 21ème division d'infanterie s'efforcera de reprendre Morains
le Petit-Ecury-Normée. La 22ème division d'infanterie
appuiera l'attaque de la 21ème division et tiendra solidement Lenharrée."
Or, dès le matin, les Allemands attaquent, empêchant l'action offensive du 11ème CA.
A Lenharrée, le bombardement est très
intense, les combats sont violents. Malgré plusieurs assauts ennemis, le 19ème Régiment d'Infanterie
se maintient, non sans de fortes pertes. Les tirs des 75 Français ont permis a
2 reprises de repousser les assauts Allemands. A aucun moment de la journée,
ceux ci ne pénétreront dans le village de Lenharrée. Vers 19 heures, le 19e R.I. reçoit
un message: "J'adresse toutes mes félicitations au 19e RI pour sa glorieuse
conduite. Je mets à votre disposition un bataillon du 62e R.I. et un bataillon
du 116e R.I. Toute la ligne passera à l'offensive le 8 à 4 heures du
matin."
Les bataillons des 62e et 116e R.I. relèvent les unités du 19ème R.I. en avant de Lenharrée. Le 19ème régiment d'infanterie se reforme le long de la voie ferrée pour prendre un repos bien mérité avant de repartir à l'attaque prévue à 4 heures du matin.
Emile
Eugène LE CLAINCHE est grièvement blessé le 6
ou le 7 septembre. et il est évacué vers un poste de secours à
l'arrière (Ambulance n°1 à Gougançon) où il décède quelques heures plus tard. Ce sera le premier "groisillon" à mourir des faits de cette guerre. N'étant ni né à Groix, ni socialement enraciné, son nom n'est pas inscrit sur le Monument aux morts de la commune (son nom est gravé sur celui de Naizin). Toutefois il apparait sur le tableau de l'église avec une date et un lieu légèrement erroné (Sommesous, le 6 septembre)
( NduR : Toute information complémentaire : photo, acte de naissance, acte de décès, informations diverses,... est la bienvenue)
Manoeuvres de contournement
A partir du 10 septembre, le haut commandement français lance une offensive française en Argonne. Les troupes allemandes reçoivent un ordre de repli général.
Le vendredi 11,
on assiste au recul général des armées allemandes, entre l'Ourcq et Verdun. La véritable poursuite commence.
Le samedi 12 et dimanche 13, souhaitant profiter de sa victoire à la bataille de la Marne, le haut commandement ordonne aux armées françaises et britanniques d'attaquer les armées allemandes qui se replient, lors de ce qui deviendra la bataille de l'Aisne. Le principal effort est fourni par les Britanniques. Aucun des deux adversaires ne parvient à prendre l'avantage sur l'autre; ni sur la Meuse, ni sur l'Aisne. Ils cherchent alors à se déborder mutuellement vers l'est et, de bataille en bataille, étendent leurs lignes dans les Flandres jusqu'à la mer du Nord. C'est ce que le a appelé la "Course à la Mer". Après la chute d'Anvers (le 8 octobre), dernier réduit de la défense belge, puis celle de Lille (après une résistance qui étonna Joffre et Foch), les Allemands veulent porter un coup décisif le 20 octobre. Ils tentent de séparer de Calais, mais tous leurs assauts sont repousses devant Ypres et sur l'Yser.
Finalement, le 15 novembre, les Allemands s'emparent de Dixmude. Ils tiennent toute la Belgique à l'exception d'une étroite bande de terrain reliant Nieuport et Ypres et longeant la frontière française. Cette bataille des Flandres, quoique indécise, met fin aux opérations offensives et aboutit à l'immobilisation des fronts et aux longs combats de positions que l'on appellera la guerre de tranchées, ou guerre de positions.
Gaston Louis LE MOUROUX
C'est le second "groisillon" Mort pour la France... Curieux groisillon, d'ailleurs, qui est né à Rosendael dans le Nord (59510), le 6 avril 1884. Rosendael est une petite commune, proche de Dunkerque. D'ailleurs aujourd'hui elle a fusionnée avec cette ville . C'est devenu un quartier de Dunkerque.
Sa famille est peut-être (à vérifier) originaire du Morbihan. En effet, on rencontre bon nombre de "Le Mouroux" à Baden, Plougomelen, etc...
Tout porte à penser qu'il était instituteur "laïc" et qu'il a été nommé à Groix vers 1906/1907. D'ailleurs quelques années plus tard, il se marie avec une groisillonne, Marie Rose Céline RAUDE, fille de .... ? le 12 avril 1909. Il a 25 ans.
Il a probablement fait ses classes en 1904 et son service de deux années dans une régiment de la région de Dunkerque. Son niveau d'instruction lui a permis d'obtenir le grade de sous-lieutenant.
En juillet 1914, il réside à Groix, dans le village de Port Lay, et le 3 aout, il est appelé à rejoindre le 262ème R.I., à la caserne Bisson de Lorient. R.I.
Il participe au même périple de Chatel-Chéhéry jusqu'à Maissin en Belgique, puis la retraite jusqu'au bord de la Somme-soude à Vassimont dans la Marne que le caporal Emile Eugène LE CLAINCHE, peut-être même dans la même compagnie, jusqu'au affrontements du 6, 7, 8 et 9 septembre.
Ensuite, c'est la poursuite des armées allemandes. Le 10 sept., à 6h., la 43ème brigade reçoit l'ordre
de reprendre l'offensive dans la direction de Sommesous. Le 62ème
R.I. se porte en avant à 8h.30; le 3ème bataillon forme
l'avant-garde. Il occupe successivement la côte 206 et la hauteur de l'Arbre;
puis, renforcé par le 2ème bataillon, il se porte sur la côte 209. A
18h., la brigade reçoit l'ordre d'enlever
Sommesous. Le 1er bataillon attaque dans le triangle de la voie
ferrée et la route de Mailly.
Le 11 sept., la véritable poursuite commence. Dans la joie de la victoire,
les hommes oublient toutes leurs fatigues, toutes leurs privations, les
colonnes ennemies sont talonnées à courte distance et, le 11, au soir, après
une marche de toute la journée, on est déjà loin de Sommesous, on cantonne à
Nuisement.
Le 12 sept., de bonne heure, la poursuite reprend. Le 62ème, en avant-garde,
pénètre à 7h. dans Chalons/marne, où il fait une trentaine de
prisonniers. A 13h., la marche en avant est reprise. A 18h.,
le régiment s'établit aux avant-postes vers la ferme de Cuperly.
Le 13 sept., la poursuite continue dans la direction du nord. La brigade marche dans la direction le Suippes. A 21h., après avoir dépassé Saint-Hilaire-le-Grand, le régiment est brusquement arrêté par une violente fusillade de l'ennemi qui tient, avec de l'infanterie et des mitrailleuses, la lisière des bois à l'est et à l'ouest de la route et qui a laissé l'avant-garde s'engager dans la direction de Saint-Souplet avant d'ouvrir le feu. La brigade est obligée de se replier sur Saint-Hilaire-le-Grand; elle bivouaque au sud-est de cette localité.
Le 14 sept., le régiment reste en position d'attente entre Saint-Hilaire et
Jonchery d'abord, puis au sud de Jonchery, pendant que notre artillerie
prépare, par un bombardement, l'attaque des positions ennemies à l'est de la
Suippes.
Le 16 sept. A 16h., il reçoit l'ordre d'appuyer, par deux
bataillons, le mouvement d'une brigade de chasseurs à pied sur le moulin de
Souain. Mais la forte organisation des positions allemandes, appuyée par de
nombreuses batteries d'artillerie lourde, toujours active, fait renoncer à
cette offensive.
Le régiment reprend ses emplacements et bivouaque au sud du bois des
Wacques.
Le 18 sept., à 2h., le régiment est relevé par des unités du 12ème
C. A. Le 11ème C. A. passe à la Vème armée et il se porte
sur Ludes (nord de la forêt de la montagne de Reims) par Mourmelon-le-Grand,
Villers-Marméry et Verzenay.
Le 19 sept., il reçoit l'ordre d'organiser face au nord la ligne: Montbre
(1er bat.), Saint-Jean (2ème bat.),
Château-Romant (3ème bat.). A 15 h., le
régiment quitte ses positions pour se porter par Chigny et Rilly-la-Montagne
sur Mont-Chenay, où il arrive à 21h. et y cantonne.
Le 20 sept., le régiment quitte son cantonnement pour aller appuyer la 21ème
division et la division marocaine qui doivent attaquer dans la direction de
Saint-Léonard et de Nogent-l'Abbesse. Il reste en position
d'attente au sud-est de Montbre jusqu'à 14 h.; il reçoit ensuite
l'ordre d'aller cantonner à Montbre.
Le 21 sept., à 18h., le régiment se porte par Champ-Fleury,
Sacy, Bligny, sur Chaumuzy où il arrive à 4h.30 du matin, le 22
sept. Le même jour, à 12h30, il reprend la marche par Romigny sur
Moreuil-en-Dole, où il arrive à 22h.30 et cantonne.
Le 23 sept., le régiment se porte sur Chaudun et Pierrefond-sur Compiègne, où il arrive le 25 sept. à 17 h.. Le même jour, dans la soirée, le régiment embarque à Compiègne dans des trains qui les déposent à Longueau, d'où il se porte sur Lahoussoye (nord-est d'Amiens). Il met en état de défense les hauteurs nord et est entre Lahoussoye et Bonnay et cantonne dans ces deux localités.
Le 28 sept. la 22ème D.I. se porte
au nord de la 21ème D.I. engagée vers Albert. A 11 h, le
62ème se dirige sur Mesnil en soutien de la 44ème brigade
qui marche sur Authuile et Thiépval. Le 1er bataillon reçoit l'ordre
d'occuper Authuile et de tenter, avec le 19ème R.I., une attaque sur
Thiepval. Cette attaque, commencée à 22 h, ne réussit pas.
Le 29 sept., l'offensive est reprise dans la
matinée. Le 19ème R.I., soutenu par le 1er bataillon du 62ème
R.I. attaque de Hamel et Authuille sur Thiepval. Le 3ème bataillon du
62ème attaque le bois d'Authuille. Le 2ème bataillon est
en réserve à Mesnil.
Les positions ennemies sont tenues solidement
et l'attaque ne peut progresser que lentement. Dans la soirée, le 1er
bataillon du 62ème, appuyé par des éléments du 19ème,
réussit à enlever et à occuper la cote 141. De son côté, le 3ème
bataillon du 62ème enlève le bois d'Authuille, mais il perd son chef,
le commandant de Vial, qui est très grièvement blessé.
Les 30 sept. et 1er
oct., le régiment maintient ses positions.
Le 3 octobre, le 62ème reçoit l'ordre
d'attaquer Thiepval par l'est en progressant par le ravin d'Ovillers - cote 92.
Le 3ème bataillon réussit à s'avancer de 300 m; pendant que le 1er
progresse à l'est de la coté 141. Pendant ce temps, le 2ème
bataillon attaque la cote 141 et progresse légèrement.
Dans la nuit du 2 au 3 oct., le 1er
bataillon réussit à avancer de 500 m., mais à la pointe du jour, il se trouve très
en flèche et est soumis à des feux de flanc d'infanterie et d'artillerie qui
l'obligent à se replier légèrement.
Le 4 oct., le régiment maintient ses
positions toute la journée, malgré la violence du feu de l'artillerie ennemie.
Dans la journée, vers 16h., le 2ème bataillon avait été
porté sur Beaucourt pour relever les 83ème et 84ème
régiments territoriaux, que les allemands avaient fortement attaqués et rejetés
sur cette localité.
Attaqué, vers 23h., par des forces
supérieures, le 2ème bataillon est obligé de se replier sur la
station de Beaucourt. Le combat continue pendant toute la matinée du 5,
l'ennemi progresse malgré ses pertes. Il enlève Beaumont - Hamel et la cote
151.
Le 2ème bataillon se replie, vers
16h., sur la crête Hamel - Auchonvillers où il est violemment
bombardé par l'artillerie lourde. Sur la cote 141, pendant le cours de la nuit,
l'infanterie adverse prononce deux attaques, mais les attaques échouent sous
nos feux.
Le 5 oct., l’artillerie ennemie bombarde à
nouveau très violemment nos positions pendant toute la journée. A 21h.,
les Allemands attaquent en force sur toute la ligne. Le 19ème à
notre gauche est obligé de céder sous le nombre.
Le 6 oct., le 1er bataillon
reprend les tranchées nord et nord-est du bois d'Authuille, ses 3ème
et 4ème compagnies organisent la défense du village.
Le 8 oct., le 2ème bataillon
reçoit à 8h.30, l'ordre d'attaquer Beaumont-Hamel, en liaison avec
un bataillon du 64ème RI et un du 337ème RI.
L'attaque se déclenche à 13h.;
elle progresse jusqu'à proximité du village, mais ne peut continuer en raison
du feu de l'artillerie ennemie que la nôtre ne peut maîtriser. Malgré les
pertes très sensibles, le 2ème bataillon conserve la position
conquise pendant toute la journée. A la nuit, il reçoit l'ordre de se replier
sur ses emplacements de la veille.
Pendant ces dures journées de combat, le 62ème
a réussi à enlever à l'ennemi des points importants du terrain en lui faisant
subir des pertes sérieuses.
Les attaques partielles et coups de main se
succèdent dans ce secteur d'Avelluy-Authuille, que le régiment occupera jusqu'en
juillet 1915.
Le 9, le régiment améliore ses tranchées. Le 10, trois attaques sont repoussées.
Le 11, le régiment reçoit l'ordre d'enlever la côte 141. La 2ème, 3ème et 4ème compagnie du 1er bataillon attaque et se maintient malgré de violents tirs d'artillerie (Pertes :1 tué, 2 disparus, 11 blessés). Le 12 octobre, l'attaque se poursuit, mais finalement doit se replier pour éviter de trop fortes pertes. Les 3 compagnies se fortifient sur place. Le 3ème bataillon organise le bois d'Authuille. (Pertes : 5 tués, 24 blessés)
Le 13 octobre, les travaux de fortifications sont continués. L'artillerie ennemie bombarde Authuille. La nuit une attaque ennemie est lancée pour arrêter les travaux. C'est au cours de cette journée que Gaston Louis LE MOUROUX est déclaré mort à l'ennemi avec 7 autres sous-officiers et soldats, 3 autres soldats sont blessés.
Son décès est inscrit à l'état-civil de Groix le 26 mai 1915.
cimetière d'Authuille
Nous ignorons le lieu de sépulture de Gaston Louis LE MOUROUX. Toutefois sa mort n'ayant pas donné lieu à un jugement, il n'a pas été porté disparu.
La brigade des fusiliers-marins au front.
La brigade reste dans le camp retranché de Paris pendant tout le mois de
septembre. Le 4 octobre, elle reçoit l’ordre de se tenir prête à partir pour
Dunkerque, pour faire partie d’une armée qui s’organise dans cette région.
7 octobre – La brigade embarque à la gare de
Saint-Denis et à la gare de Villetaneuse dans 7 trains à destination de Dunkerque.
8 octobre – A Dunkerque, ordre est donné de faire continuer les trains de transports sur Anvers, mais la voie est coupée après Gand : la brigade débarque dans cette ville dans l'après-midi du 8 et la nuit du 8 au 9.
Dès son arrivée à Gand, la brigade se couvre: un bataillon du 2ème Reg. est installé sur le front entre
Gontrode et Quadrecht, pour compléter la ligne déjà établie par les
Belges; un autre bataillon (également du 2ème Rég.) est placé au nord de la Melle, en réserve de ce
secteur. Dans le nord de l’Escaut, un bataillon du 1er Rég. va constituer un front
défensif face à l’est, entre Heusden et Goudenhant.
un autre du même régiment est placé à
Destelbergen, en réserve de ce secteur.
Le reste de la brigade (2 bataillons, la compagnie de mitrailleuses) est
rassemblé au sud et à proximité de Gand, en réserve générale au carrefour de
Schelde, où l’Amiral place son poste de commandement.
Les convois (sauf les ambulances) sont réunis à la sortie de Gand (N.O.).
9 octobre – On signale qu’Anvers est en feu et près d’être pris, que des
forces allemandes suivent l’armée belge en retraite et cherchent à la prendre
en flanc, que des forces ennemies de plus en plus nombreuses garnissent la
Dender dans la région d’Alost. L’armée belge continue sa retraite vers Bruges.
La garnison de Gand, dont la brigade fait partie, reçoit la mission de
couvrir la retraite des divisions belges. A midi, le premier contact est pris avec l’ennemi qui attaque le front
Gontrode-Quadrecht défendu par un bataillon du 2ème régiment. A 14 heures, le bataillon de réserve de secteur renforce la ligne de feu,
il est remplacé à Melle par un bataillon de la réserve générale. Vers la fin de la journée, l’ennemi se retire, mais il reste à proximité.
Il occupe les bois, les maisons, tous les obstacles du sol qu’il organise.
A 21 heures, l’attaque reprend et les Allemands parviennent à s’emparer
de Gontrode. Leurs progrès s’arrêtent toutefois à la voie ferrée Quadrecht-Melle
qu’ils ne peuvent entamer.
Une contre-attaque est décidée pour le lendemain matin tôt, en
vue de prendre les Allemands en flanc. Mais elle est inutile, les Allemands
ayant abandonné Gontrode et Quadrecht au milieu de la nuit.
10 octobre – L’ennemi s’est retiré. Gontrode est réoccupé par les marins.
Dans la matinée, un «taube» survole le secteur, Quadrecht est visité
par une auto mitrailleuse. L’attaque reprend à midi, toujours sur Gontrode.
La situation de la brigade, même renforcée par des troupes anglaises, et des troupes belges voisines
peut devenir critique, car l’armée belge a continué son mouvement de retraite
vers l’ouest et l’ennemi pousse énergiquement ses attaques sur Quadrecht et
Gontrode. A la nuit, l’ennemi finit par occuper à nouveau ce dernier point, malgré
les renforts.
Le combat continue entre Melle et Gontrode. Comme la veille, les
allemands sont arrêtés en avant de la voie ferrée et se retirent au milieu de
la nuit.
11 octobre – Grâce à la résistance devant Gand, l’armée belge a pu se retirer sans être inquiétée. Elle est maintenant à une journée de marche à l’ouest et continue sa retraite. La garnison de Gand forme un îlôt au milieu de l’activité allemande. L’ennemi augmente en nombre sur les deux rives de l’Escaut, en aval de Gand, et au sud de cette ville. La décision est prise de se décrocher dans la soirée.
Le reste de la journée est relativement calme. Le repli de la brigade commence à 18 h
par ses convois, puis à 18h30 par la troupe qui passe par Tronchiennes, Luchten, Meerandre, Hansbeke, Beliem, Aeltre.
12 octobre – Après une marche de nuit de 35 kilomètres par le froid et le
brouillard, les bataillons arrivent à Aeltre entre 7 et 9 heures. Rien n’a été
abandonné, ni personnel, ni matériel. A Aeltre, après un court repos, la marche reprend à 11h30 sur Thielt par
Ruysselede, pour y arriver à 16 heures. La brigade a fait sans pertes 55 kilomètres en 20 heures; l’ennemi a
perdu tout contact avec elle.
13 octobre – Ordre est donné à la brigade de se porter sur
Thourout pour y cantonner en passant par Pitthem, Coolscamp, Lichttervelde. Départ à 8 h, arrivée à Thourout à 15 h. On installe un cantonnement d’alerte, toutes les routes sont barrées et gardées. La brigade est placée
sous les ordres du Roi des Belges.
L’ordre est donné de faire une ligne des marais de Ghistelles à menin, par le bois de Vijnendaule – Cortemark – Staden. La part de la brigade sur ce
front va du sud du bois de Vijnendaule exclus à Cortemark et la gare inclus.
14 octobre – La brigade se porte dès le matin à l’ouest de Pereboom et organise
rapidement son front de défense: 2 bataillons et les mitrailleuses occupent les organisations de ce front
et fournissent les avant-postes (1er bataillon du 1er régiment et 1er bataillon du 2ème régiment). 2 bataillons sont en soutien à Markow et au N.O. de Cortemark; 2 bataillons et des mitrailleuses restent en réserve générale à Pereboom
où l’Amiral établit son poste de commandement.
Le flanc sud de la brigade est sans couverture. L’Amiral signale cette situation
anormale au GQG belge qui maintient l’ordre de tenir «coûte
que coûte» sur la ligne indiquée. L’ennemi est signalé à Thielt et à Roulers se dirigeant sur Cortemark.
D’autres colonnes allemandes sont signalées en route sur Bruges et de Menin sur
Roulers.
15 octobre – A minuit, arrive l’ordre de se replier sur l’Yser. Le mouvement commence à 4 h, en suivant l'itinéraire Werkem,
Zarren, Eesen, Dixmude. les mouvements s’exécutent correctement, malgré
l’encombrement extrême des routes. Le 1er bataillon du 2ème régiment
et l’artillerie du groupe Ponthus forment
l’arrière-garde. La brigade arrive à Dixmude à 10 h.
Le 2ème bataillon du 1er régiment est porté aux avants-postes sur la
route de Woumen, barrant cette route. Le reste de la brigade est à Dixmude (4 bataillons et la compagnie de
mitrailleuses), derrière l’Yser protégée par une compagnie sur la
route de Seerst. Le poste de combat de l’Amiral est à la chapelle de ND du Bon
Secours.
L’ordre arrive de tenir «coûte que coûte» la tête de pont de Dixmude
dont la gare doit servir à certains transports de matériel venant d’Anvers et
d’Ostende. Le 1er bataillon du 1er
régiment, avec une compagnie du Génie belge, met en
état de défense les lisières extérieures de la ville. Dans la soirée, le poste de la route d’Eesen repousse l’attaque d’une
automitrailleuse allemande venant de Zarren.
16 octobre – Les transports par la gare ayant pris fin, la brigade se
replie dans la matinée sur Dixmude et l’Yser. Ce mouvement difficile s’exécute en vue des patrouilles ennemies.
Le terrain à défendre est divisé en deux secteurs, séparés par la route
Dixmude-Caeskerke, cette route appartenant au secteur nord.
Au nord, le 2ème bataillon du 1er régiment, à Dixmude dans les tranchées organisées autour de la ville, un bataillon du 1er régiment sur la rive ouest de l’Yser, un bataillon du 1er régiment à Caeskerke en soutien.
Au sud, un bataillon du 2ème sur la rive ouest de l’Yser, un bataillon du 2ème régiment en soutien au sud de Caeskerke.
L’Amiral place son poste de commandement à la gare de Caeskerke. Il garde
à sa disposition :
La réserve générale est composé d'un bataillon du 2ème régiment et la compagnie de mitrailleuses (à la croisée des routes Dixmude-Pervyse et Dixmude-Oudecappelle) et l’artillerie, deux batteries au sud du 2ème passage à niveau de la voie ferrée Dixmude-Furnes, etla troisième au nord de Caeskerke.
Dixmude est attaquée vers 16 heures par des forces d’infanterie et
d’artillerie de campagne venant d’Eesen.
L’action est assez chaude ; elle se prolonge pendant la nuit et la
matinée du 17.
17 octobre – Les shrapnells tombent sur Dixmude et sur les tranchées en
avant sans grands dommages.
A 13 heures, l’ennemi se retire. L’après-midi est calme ; on travaille à refaire et à consolider les
tranchées des lisières extérieures de Dixmude, à organiser les tranchées de
l’Yser (rive ouest), les tranchées des réserves de secteur et celles de la
réserve générale. Ce travail sera repris d’ailleurs à chaque accalmie et toutes
les nuits.
L'artillerie a l’ordre permanent d’ouvrir instantanément le feu, de
jour comme de nuit, sur les abords de Dixmude toutes les fois qu’une fusillade
et plus particulièrement le bruit des mitrailleuses indique clairement qu’une
attaque d’infanterie est dirigée contre nos tranchées.
18 octobre – La matinée est calme. Une compagnie du 3ème bataillon (1er
régiment) est envoyée à la gare de Dixmude en réserve de la défense de la
ville.
Le Roi des Belges vient visiter les tranchées de l’Yser.
A midi, le bataillon (de Kerros) est envoyé en reconnaissance offensive sur
Eessen. Il rentre à la nuit dans les tranchées de Caeskerke.
Le 3ème bataillon du 2ème régiment (MAUROS) avec deux
autos-mitrailleuses belges est envoyé à Eessen ,en soutien à des unités de cavalerie, où il s’installe
pendant la nuit en halte gardée face au nord, et en liaison avec Zarren.
19 octobre – L’ennemi attaque en force Leke, Keyem et Beerst. Ces
villages défendus par des forces belges demandent des renforts. La brigade doit se porter sur Keyem pour enrayer
l’attaque ennemie.
Le 1er bataillon du 2ème régiment (JEANNIOT) attaque Keyem par
la route, le 2ème bataillon (CONTI) est en soutien. Le 3ème bataillon (MAUROS) qui est à Eessen
attaque Hoograde par la route de Wladsloo
Le 1er régiment est rassemblé à Dixmude.
Le mouvement commence à 10 heures.
Le bataillon JEANNIOT est accueilli
par des coups de feu partant du village. Il se déploie très malaisément en
raison du terrain coupé de canaux, de fossés pleins d’eau. Il est obligé
d’attaquer d’abord Beerst. Il est assez éprouvé. Le bataillon qui le suit en soutien (CONTI) le remplace dans
cette attaque et, en même temps, se couvre du côté de Keyem. Le 2ème bataillon du 1er régiment (de KERROS) vient en soutien
du bataillon CONTI. Le bataillon JEANNIOT rentre à Dixmude. Le bataillon MAUROS débouche de Wladaloo sur Hoograde.
A 17 heures, Beerst est occupée par les marins. A 18 heures, ordre de revenir derrière l’Yser.
La brigade décroche et rentre pendant la nuit dans les cantonnements
tout à fait insuffisants de Caeskerke (2ème régiment) et Saint-Jacques Capelle
(1er régiment). Ces mouvements sont terminés à 23 heures.
Le quartier maître groisillon, Louis Marie BL(AU_O)REC perdra la vie au cours de ces affrontements.
20 octobre – A la suite d’ordres donnés dans la nuit, la brigade de
Marins prend la défense de l’Yser. Les dispositions nouvelles prises en
conséquence sont terminées à 8 heures.
Chaque régiment a un bataillon le long de l’Yser, et un bataillon en soutien dans des tranchées entre la gare de Caeskerke et
l’Yser, perpendiculairement à la route. Ordre est donné d’approfondir toutes les tranchées à 1,70 m en vue de mettre les
troupes à l’abri du bombardement par l’artillerie lourde allemande.
L’ennemi a repris son attaque de Keyem et de Leke. Il repousse sur l’Yser
les troupes belges. A 11 heures, bombardement énergique de Dixmude et des tranchées prépare à 16 heures, une violente attaque sur Dixmude par l’infanterie allemande.
L’Amiral envoie en renfort successivement deux compagnies du 2ème régiment et deux compagnies du 1er régiment. Les tranchées résistent. L’ennemi se retire à 20 heures.
En prévision d’une nouvelle attaque, ces 4 compagnies sont maintenues
dans les tranchées.
21 octobre – Dans la nuit, on assiste à une fusillade intermittente. Au nord de Dixmude,
les Allemands continuent leurs progrès jusqu’à l’Yser.
Le bombardement de Dixmude et des tranchées recommence à 6 heures du
matin. Pendant l’après-midi, le bombardement devient violent; nombreux
incendies dans la ville. Les compagnies de réserve dans Dixmude sont assez
éprouvées.
Vers 19 heures, alerte: des renseignements arrivent d’après lesquels certaines tranchées, tenues par les belges, au sud de la ville seraient prises par les Allemands. L’Amiral donne l’ordre de reprendre les tranchées coûte qui coûte. Il envoie 3 compagnies de renfort et fait battre énergiquement avec l’artillerie les abords immédiats de Dixmude. Après une lutte violente, les Allemands sont repoussés et les tranchées sont réoccupées. A 21 heures, l’ordre est rétabli, mais les 3 compagnies de renfort restent dans les tranchées déjà occupées par les belges.
22 octobre – La bataille reprend à Dixmude, au milieu de la nuit. On
signale de nouveau que des tranchées ont été évacuées au nord de la ville; 2
compagnies du 2ème régiment qui étaient prévues pour la relève y vont et
rétablissent les affaires. Elles relèvent ensuite les 2 compagnies du 2ème
régiment.
Dès l’aube, le bombardement recommence, moins nourri le matin, très
intense de 12 à 13 heures, heure à laquelle il cesse. Après-midi calme. On en profite pour améliorer les tranchées et pour
évacuer des blessés ennemis. On trouve de nombreux tués allemands tombés près des tranchées.
Au nord de Dixmude, les Allemands ont franchi l’Yser dans la boucle de Tervaete, repoussant les troupes de la 4ème D.A. belge. Cette division va chercher par une contre-attaque, à jeter les Allemands dans l’Yser.
Le matelot Eugène METAYER est probablement blessé ce jour, il est évacué sur un hôpital de Dunkerque, où il décédera le 24
23 octobre – La nuit, malgré un bombardement intermittent de Dixmude et
des tranchées, est mise à profit pour relever les compagnies des tranchées par
les compagnies les moins fatiguées des réserves. Le bombardement se prolonge dans la matinée, devient violent dans
l’après-midi; les Allemands utilisent de plus gros calibres.
Aux tranchées devant Dixmude, de fréquentes attaques d’infanterie sont
repoussées. Dans la boucle de l’Yser, les Allemands résistent aux contre-attaques
belges. Ils finissent par occuper toute la boucle malgré le feu de notre
artillerie qui a pris cette boucle pour objectif.
24 octobre – Pendant la nuit, relève des compagnies qui sont aux
tranchées de Dixmude par d’autres compagnies venant des réserves.
Au matin, le bombardement de Dixmude et des tranchées par l’artillerie
lourde allemande postée vers Wladsloo, Eessen, Clerken, reprend. Notre
artillerie répond, mais sans résultat appréciable. Les obus nous arrivent
également du nord. L’ennemi est maintenant en force sur la rive gauche de
l’Yser.
La situation de la brigade qui est toujours face à l’est devient
critique. En vue d’arrêter le plus loin possible des ponts de Dixmude les
progrès de l’ennemi, l’Amiral envoie dans la matinée une partie des réserves de
secteur (RABOT) pour étayer l’aile gauche du front de l’Yser,
puis vers 13 heures, il envoie la réserve générale, déjà portée depuis le matin
à Caeskerke, 4 compagnies (JEANNIOT) vers Oud
Stuyvekenskerke pour arrêter coûte que coûte l’ennemi. Ils réussissent à constituer un front face au nord, sur
lequel l’ennemi s’arrête. Mais les pertes sont grandes. La plupart des officiers des éléments
engagés, notamment des 2ème et 3ème bataillons du 1er régiment (secteur nord),
sont hors de combat.
25 octobre – La nuit se passe sur les positions occupées. La bataille reprend, mais moins violente au nord les Allemands paraissent chercher à gagner du terrain vers Pervyse et Ramscapelle.
Sur le front de Dixmude, les attaques allemandes sont repoussées. L’ennemi
bombarde la ville et les tranchées extérieures, les tranchées de l’Yser, tout
le terrain entre l’Yser et Caeskerke, et en particulier la gare de Caeskerke où
se tient l’Amiral.
Dans la soirée, le GQG belge fait connaître qu’il a
pris les mesures nécessaires pour inonder la rive gauche de l’Yser entre le
fleuve et le chemin de fer de Nieuport.
26 octobre – La nuit est troublée, on s’attend à une attaque violente,
ayant eu connaissance de groupements importants ennemis amenés autour de
Dixmude par les trois routes d’Eessen, de Beerst et de Woumen. Les troupes sont très fatiguées et très éprouvées par les journées
précédentes, par les combats sans arrêt et sous les feux d’infanterie et
d’artillerie lourde.
Vers 19 heures, la compagnie GAMAS qui se rend aux tranchées de l’est, se
heurte à une demie compagnie allemande, sur la route d’Eessen, au débouché de
la ville de Dixmude. Elle l’aborde immédiatement à la baïonnette, tue une
quarantaine d’Allemands, tandis que les autres s’enfuient.
Dans la nuit, une colonne allemande, forte probablement d’un
demi-bataillon, réussit à la faveur de l’obscurité et grâce à la fatigue des
troupes à pénétrer dans Dixmude. Elle parvint jusqu’au pont de l’Yser. La garde de pont reconnut la présence des Allemands, et ouvrit le feu Ceux qui
l’avaient franchi furent aperçus au jour et faits
prisonniers. Le Capitaine JEANNIOT et le médecin DUGUET
trouvèrent la mort dans cette affaire l’abbé LE HELLOCO, aumônier du 2ème
régiment fut blessé.
Les marins occupent à peu
près toutes les tranchées extérieures de Dixmude.
27 octobre – Pendant la nuit, l’Amiral cherche à mettre de l’ordre dans
les dispositions des troupes. A Dixmude, deux compagnies du 2ème bataillon du 2ème
régiment occupent les tranchées (CONTI), les 2 autres compagnies sont placées sur la rive gauche dans des tranchées
près du pont.
Les rives de l’Yser et le crochet défensif face au nord sont tenus par 11
compagnies (2 du 2ème régiment et 9 du 1er). En réserve 9 compagnies dont 5 très fatiguées et désorganisées.
A 8 heures, le bombardement reprend. Il devient très intense entre 12 et 15 heures, et se fait particulièrement sentir sur les ponts de Dixmude et les tranchées sud de la ville (cimetière). Les pertes sont importantes. Les tranchées atteintes par le bombardement sont démolies.
Le matelot groisillon Laurent A. DERRIEN est tué lors de cette journée
28 octobre – La nuit et la matinée sont calmes. L’Amiral en profite pour faire
refaire et améliorer les tranchées et pour continuer à remettre de l’ordre dans
les bataillons.
A 10 heures, un bombardement violent reprend sur Dixmude et tout le
terrain à l’ouest de l’Yser, sans que notre artillerie réussisse à en diminuer
l’intensité. Les tranchées sont bombardées et les pertes considérables.
La ville de Dixmude est à peu près détruite. Ce bombardement prend fin à la nuit, au moment où une attaque
d’infanterie se produit contre les tranchées du cimetière, attaque qui est
d’ailleurs rapidement repoussée par les défenseurs des tranchées aidés par l’artillerie
de campagne.
Au nord, la bataille continue
29 octobre – Ce bataillon est engagé, on ne peut l’enlever ni le relever.
L’Amiral envoie à Roussdamme un bataillon de marins, composé de la 7ème compagnie du 1er régiment et des 2ème, 4ème
et 5ème du 2ème régiment prélevées sur les réserves. Ce bataillon, commandé par RABOT participera aux affaires de Pervyse et de Ramscapelle.
A 8 heures 30, reprise du bombardement.
30 octobre – La nuit est cependant tranquille, les Allemands se
contentent d’envoyer des shrapnells pendant toute la nuit sur Caeskerke et le
carrefour où se trouve le poste de commandement de l’Amiral. Au jour, ils attaquent avec succès Ramscapelle et, avec pertes, Pervyse.
Sur le front de Dixmude, bombardement de la ville et des tranchées de
l’Yser. Le pont du chemin de fer est en partie détruit par un obus vers 17
heures. Au sud de Dixmude et depuis la veille, on entend une très violente
canonnade ininterrompue qui se prolonge pendant toute la nuit.
31 octobre – L’ennemi est repoussé de Ramscapelle. Au nord, il paraît se retirer sur l’Yser, chassé sans doute par
l’inondation qui progresse légèrement. A Dixmude, le bombardement diminue d’intensité. Plus d’attaques
d’infanterie sur les tranchées de la ville.
Au sud sud-est, on entend toujours une violente canonnade.
La brigade des fusiliers-marins au front (suite)
1er novembre –
La nuit a été calme, et la journée relativement tranquille. L’Amiral donne l’ordre de remettre
de l’ordre dans les régiments et les bataillons. Le bataillon RABOT relève le
19ème bataillon de chasseurs au nord du chemin Costkerke. La situation de la brigade est alors la suivante :
A Dixmude (CONTI): le 2ème bataillon du 2ème régiment, le bataillon de Sénégalais et un bataillon belge.
Sur l’Yser : le 1er bataillon du 1er régiment (de SAINTE-MARIE) au nord du Pont et le 3ème bataillon du 2ème régiment (MAUROS) au sud du Pont.
Front nord, le 3ème bataillon du 1er régiment (RABOT)
Dans les tranchées extérieures de Caeskerke : le 2ème bataillon du 1er régiment (de KERROS)
Et en réserve générale le 1er bataillon du 2ème régiment (commandant de JONQUIERES qui vient
d’arriver).
L’Amiral porte son quartier général à Oudecapelle où il fait installer les
communications téléphoniques; son poste de combat reste à la croisée des
routes.
2 novembre – Depuis plusieurs jours, on entend une violente canonnade
ininterrompue vers Merckem. La tranquillité relative dont la brigade bénéficie
après 15 jours de combats continuels résulte vraisemblablement de ce que
l’ennemi a fait refluer vers Merckem et au sud, en vue du combat dans cette
région, la plupart des forces d’infanterie et d’artillerie qu’il maintenait
devant Dixmude. Pour obliger l’ennemi à maintenir toutes ses forces devant Dixmude et
l’inciter à y amener d’autres forces, le commandant décide de faire déboucher
de Dixmude une attaque de la Division belge soutenue par une puissante artillerie.
Sur le front nord, rive gauche de l’Yser, l’ennemi est visiblement gêné
par l’inondation. Il se retire vers l’Yser, mais occupe toujours les fermes
dans lesquelles il laisse quelques hommes et des mitrailleuses.
3 novembre – Poursuite de l’attaque. En raison du repli des Allemands sur l’Yser, l’Amiral décide de ne laisser
que 2 compagnies sur le front nord, rive gauche. En conséquence, il fait
rentrer le bataillon RABOT en réserve générale et 2 des compagnies du 2ème
bataillon du 1er régiment (de KERROS) en réserve de Caeskerke.
Il ne reste donc plus dans les tranchées du nord qu’un demi-bataillon avec le commandant de KERROS.
4 novembre – Poursuite de l'attaque.
L’Amiral envoie au commandant CONTI, les 2 compagnies du commandant de
KERROS (réserve).
La brigade reçoit un renfort d’artillerie lourde (2 pièces de 120
long).
5 novembre – Nuit calme autour de Dixmude.
Fin de l’offensive de la 42ème division. Le bataillon de JONQUIERES est
reporté immédiatement en réserve.
A Dixmude, la journée se passe dans une tranquillité relative, dont
l’Amiral profite pour procéder à une nouvelle répartition permettant la relève
des unités sur le front.
A Dixmude (CONTI): le 2ème bataillon du
2ème régiment, 2 compagnies dans les tranchées et 2 compagnies en réserve, le 3ème bataillon du 1er régiment (RABOT), le bataillon de Sénégalais et un bataillon belge.
Sur l’Yser : le 1er bataillon du 1er régiment (de SAINTE-MARIE) au nord
du Pont et le 3ème bataillon du 2ème régiment (MAUROS) au sud du Pont.
Front nord, le 3ème bataillon du 1er régiment (RABOT)
Dans les tranchées extérieures de Caeskerke : le 2ème bataillon du 1er
régiment (de KERROS), et un bataillon de sénégalais
Et en réserve générale le 1er bataillon du 2ème régiment (de
JONQUIERES)
6 novembre – Nuit calme, brouillard. La brigade se trouve de nouveau seule à Dixmude.
Sur la demande pressante de l’Amiral, la division belge laisse 1 groupe de 2 batteries de 75 à la disposition de la brigade (7 pièces : 3 à de
Kapelhoek et 4 à la gare de Caeskerke).
A Dixmude, les Allemands ont ramené leurs grosses pièces avec lesquelles
ils reprennent un bombardement assez intense de la ville et de ses tranchées,
des tranchées de l’Yser et du terrain en arrière. Sur le soir, une attaque d’infanterie allemande sur le cimetière est
repoussée.
C'est probablement au cous de cet échauffourée que le matelot groisillon Laurent Marie STEPHAN est tué
7 novembre – Nuit calme – Brouillard épais.
L’Amiral décide une nouvelle répartition du commandement et des forces.
A – Ensemble de la défense proprement dite de Dixmude comprenant, le front extérieur de la ville de Dixmude, la ville de Dixmude, la rive de l’Yser (nord et sud du Pont route) et les réserves de secteur, commandé par un des capitaines de vaisseau.
B – Le reste de la défense comprenant, le front nord (face au nord – rive gauche de l’Yser) et la réserve générale, commandé par d’autre capitaine de vaisseau.
Pendant toute la journée, duel d’artillerie. Sur le front des tranchées de Dixmude, les Allemands montrent une grande activité. Une pièce de 75 est amenée sur la berge de l’Yser. Cette pièce est, dès le premier coup, prise sous le feu d’une batterie allemande, dont un projectile tue le commandant de SAINTE MARIE qui surveillait ses effets.
8 novembre –
Nuit troublée. L’ennemi venant d’Eessen prononce plusieurs attaques sur Dixmude
sans toutefois insister. Au jour, il attaque plusieurs fois le cimetière au sud de la ville. Il est
repoussé.
Violent bombardement toute la journée. Le tir des allemands est dirigé avec une
grande précision sur nos tranchées du cimetière et de l’Yser et sur notre
artillerie lourde placée vers Oudecapelle. Fortes pertes.
Le bataillon MAUROS remplace le bataillon CONTI, pour la
défense de la ville de Dixmude. Le bataillon CONTI prend la défense de la rive de l’Yser
au sud du Pont-route.
Le matelot groisillon, Yves Benoît SALAHUN est probablement blessé ce jour. Il décède le 10 novembre à l'Hôpital de Furnes.
10
novembre – Un bombardement violent commence dès le matin, principalement sur
les fronts est et sud de Dixmude et sur la rive gauche de l’Yser, notamment sur
le cimetière qui devient vite intenable.
A 11 h 30, le bombardement des tranchées redouble, puis c’est l’attaque brusquée. A 13 h, l’infanterie ennemie marche sur les tranchées de Dixmude plus ou moins démolies et en tout cas neutralisées. Elle s’empare d’une partie de ces tranchées, de celles qui sont immédiatement au sud de la route d’Eessen et pénètre dans l’intérieur de la défense, prenant d’écharpe et à revers les autres tranchées qui sont les unes après les autres évacuées. Une vive fusillade éclate partout en ville où l’ennemi a pénétré avec une rapidité surprenante, encore inexpliquée.
Du côté nord, la section du 3ème bataillon est attaquée de flanc et de revers. Le commandant RABOT est
tué, la section faite prisonnière, le lieutenant de
vaisseau SERIEYX est blessé. L’ennemi pousse ce qui
reste de cette section vers l’Yser, ordonnant au capitaine SERIEYX d’inviter
les tranchées de l’Yser à se rendre. Mais une contre-attaque lancée par le
commandant DELAGE et exécutée par une section de la
1ère compagnie du 1er régiment) commandée par le capitaine d’ALBIAT fait fuir les allemands, ce
dont le capitaine SERIEYX profite pour traverser l’Yser à la nage avec ses
hommes et pour rendre compte à l’amiral.
Le reste du bataillon, placé dans les tranchées de la route de Beerst, est
attaqué de front, de flanc, et à revers. Il se maintient jusqu’à la nuit, puis rallie les ponts de Dixmude
après avoir souffert de difficultés considérables pour cheminer sous le feu de
l’ennemi, dans les fossés pleins d’eau. 450 hommes épuisés et presque tous dépourvus d’armement et
d’équipement rentrent dans la ville. Dans Dixmude même, on se bat, la 8ème compagnie et une section de renfort de la 5ème compagnie au 2ème régiment établissent une barricade au passage à niveau de la route d’Eessen, mais il se
voit forcé d’ordonner la retraite, à un moment où la situation est intenable et
où l’évacuation est rendue fort dangereuse par la fusillade que les allemands
dirigent des fenêtres des maisons en ruines.
A 16 h 30, la situation est des plus confuses. Les actes d’héroïsme relevés sont nombreux ; ils ne peuvent aboutir à la conservation de la ville, et l’amiral décide d’abandonner Dixmude et de mettre tout en œuvre pour arrêter les progrès de l’ennemi à l’Yser.
A 17 h, la ville est prise, l’amiral fait sauter les ponts. L’artillerie
lourde de la défense reçoit l’ordre de bombarder à son tour Dixmude, pour en
rendre l’occupation intenable. Le feu est mis à la minuterie. La décision de
bombarder Dixmude était des plus pénibles, parce que la ville contenait
certainement beaucoup de blessés alliés, mais elle était nécessaire pour le
maintien du front de l’Yser, à une heure où le moral de nos troupes pouvait
être fortement ébranlé.
Nos pertes sont considérables, le commandant RABOT est tué, le commandant
VARNEY est blessé (il est remplacé par le
commandant MAUROS). De la garnison de Dixmude, il ne revient que 200 Sénégalais, 200 Belges, 500
marins et quelques officiers.
A 18 heures, des renforts arrivent. L’infanterie est placée à la réserve générale. La réorganisation des bataillons RABOT et MAUROS commence aussitôt.
Les matelots groisillons, Pierre Laurent RAUDE, et Elisée Pierre STEPHAN meurent dans ces combats
11 novembre – Tous les efforts sont faits pour empêcher l’ennemi de se servir
de Dixmude.
Le front de l’Yser est solidement tenu, des abris
sont construits. Une pièce de 75 est amenée à proximité.
L’artillerie lourde de la défense tire sans relâche sur Dixmude et sur ses
abords. La ville est incendiée.
Les Allemands répondent par un bombardement violent des tranchées de l’Yser
qu’ils prennent d’écharpe, et des terrains en arrière. Ils n’essaient pas de
déboucher de Dixmude, par contre, ils montrent beaucoup d’activité dans les
marais au nord de la ville. Le soir, courte fusillade sur le front nord Yser.
Une violente tempête souffle toute la nuit.
Un matelot groisillon meurt durant ces combats, il s'agit de Théodore METAYER.
La situation des troupes de la brigade est la suivante :
- 2 bataillons sur l’Yser face à l’est (1er du 1er régiment et 2ème du 2ème
régiment) ;
- 1 bataillon occupe le front nord de la rive ouest (2ème du 1er régiment – 3
compagnies seulement, l’autre compagnie est à la réserve)
- 1 bataillon en soutien (1er du 2ème régiment).
Les 2 autres bataillons se refont en arrière (3ème du 1er et 3ème du 2ème
régiment).
Les Sénégalais réduits à 600 hommes sont mis au cantonnement à Caeskerke. Ils
sont pratiquement inutilisables.
Une compagnie de Génie belge exécute des travaux d’amélioration de la position
de repli.
12 novembre – Toute la journée, et jusqu’à 17 h, le bombardement intense
des tranchées et des routes en arrière recommence. Quelques tranchées de l’Yser au sud du pont sont démolies.
Aucune attaque d’infanterie, mais on aperçoit des mouvements de troupes
ennemies notamment entre le moulin et l’hôpital Saint-Jean, puis à la hauteur
de la route de Beerst et dans le Beerst-Bloot.
L’artillerie lourde de la défense ainsi que l’artillerie de campagne bombardent
sans relâche Dixmude et ses abords. Les bataillons MAUROS et RABOT sont reconstitués à 3 compagnies et placés à la
réserve générale.
13 novembre – Nuit calme.
Dès 7 heures, le bombardement recommence. De 9 à 10 heures, fusillade assez nourrie sur le front sud.
A Dixmude, les Allemands installent des mitrailleuses dans les maisons de la
rue du Pont. L’artillerie lourde tire sur ces maisons, les détruit ou les
rend intenables.
14 novembre – A partir de 7 heures, bombardement violent et systématique
de tous les pâtés de maisons de la rive ouest, des routes et de notre
artillerie lourde.
Les maisons de la route Dixmude – Caeskerke, épargnées jusqu’ici, et où sont
les Etats-majors des deux régiments, sont détruites. Pas d’attaque d’infanterie.
15 novembre – Le GQG belge, ayant décidé de tenter une inondation
sur la rive est de l’Yser, le Génie belge, avec l’aide des marins, fait sauter
l’éclusette au sud de la borne 16 pour déterminer une inondation sur cette
rive, un peu au nord de Dixmude.
Les tranchées de l’Yser sont très éprouvées, étant prises d’écharpe par la
grosse artillerie ennemie. L’artillerie allemande recherche les batteries de
Caeskerke et d’Oudecappelle. Dans la soirée, des ordres arrivent pour la relève de la brigade par des unités
de la 89ème division territoriale.
16 novembre – L’inondation de la rive est commence. Les Allemands reprennent le
bombardement des maisons de la rive ouest et cherchent à atteindre nos
batteries. Ils détruisent et incendient, à Oudecappelle, le Quartier général de
la brigade qui est obligé de se reporter un peu en arrière (ferme Inn Den
Raablarsur la route d’Oudecappelle – Forthem).
Les ordres pour la relève sont donnés. Cette relève s’exécute sans difficulté
entre 19 et 20 heures. La brigade vient cantonner à Pollinchove et à Hoogstade.
Elle a perdu plus de la moitié de son effectif.
Le 20 novembre, le capitaine de vaisseau PAILLET prend le commandement du 2ème
régiment.
La brigade est ramenée sur l’Yser à la fin de novembre.
8 décembre – La mission de la Brigade est de tenir la ligne du canal de l’Yser entre
le pont de Knocke jusqu’où s’étend l’armée belge et la passerelle située sur le
canal de l’Yser, à 400 m au sud du pont de Steenstraat. La tête de pont de Steenstraat, par où débouche la route de Dixmude, se trouve dans cette zone défendue par la brigade.
10 décembre – Nuit et journée calmes.
L’Amiral en profite pour poursuivre l’amélioration du secteur et le
développement du réseau téléphonique.
Malgré les derniers jours de repos, la fatigue des hommes est considérable. Sur 20 compagnies, la brigade a 14
compagnies (et 4 sections de mitrailleuses), dont 8 depuis 5 jours, au travail
sur le front.
Le temps continue à être pluvieux et les tranchées sont en mauvais état et
remplies de boue.
16 décembre – Par ordre du général commandant la 8ème Armée et en vue de favoriser
les progrès réalisés par nos troupes dans la région du littoral, la brigade doit attaquer, le 17, au point du jour, le 1er le
carrefour ouest de Bixschoote. L’attaque commencera à 6h40.
Les 1ère et 4ème compagnies du 1er
régiment de marins débouchant par la passerelle nord.
La 3ème compagnie du 2ème régiment par le pont de Steenstraat.
En tous
cas, la ligne du canal de l’Yser doit rester inviolable.
17 décembre – L’attaque commence avec la 10ème compagnie du
bataillon MAUROS en plus.
Ces compagnies s’avancent d’abord sans trop de peine, s’emparent d’une première
tranchée allemande, y font 30 prisonniers et capturent 2 mitrailleuses.
Poussant plus avant leurs progrès, les compagnies prennent une autre tranchée
ennemie (en forme de redan), dans laquelle elles font encore une trentaine de
prisonniers.
Malheureusement, au centre, la 3ème compagnie, débouchant par la route de Dixmude avant que les progrès de
l’attaque de droite soient suffisants, est presque aussitôt prise de front et
d’écharpe par des feux puissants d’infanterie et de mitrailleuses qui la
déciment.
La 3ème compagnie du 1er régiment est aussitôt remplacée par la 9ème du 2ème régiment qui se déploie prudemment et, en établissant une liaison avec les 10ème du 2ème régiment et 2ème du 1er régiment, permet à ces dernières compagnies de maintenir leur avance et de consolider leur situation, car il n’est pas possible de progresser davantage.
A la nuit, l’Amiral ordonne d’organiser défensivement le front. Les mouvements s’exécutent sans incident pendant la nuit qui est calme, les
Allemands se contentant de lancer de nombreuses fusées éclairantes.
L’offensive du 17 décembre a pour résultat la prise sur les Allemands de 2 ou
300 mètres de terrain. Malheureusement elle coûte cher à la brigade, les
bataillons sont très épuisés. Les pertes en officiers sont
considérables.
21 décembre – Nuit calme. Dans la matinée, des avions allemands nous survolent
encore. Bombardement assez intense de l’artillerie allemande qui cherche nos
batteries.
Par ordre la brigade doit reprendre l’offensive sur les objectifs indiqués pour l’attaque du
17. Cette attaque doit avoir lieu le 18 avant le jour. Elle reçoit la mission d’attaquer la
grande tranchées allemande située en travers de la route Steenstraat – Dixmude
à 500 mètres environ de Strenstraat.
C'est le 2ème bataillon du 1er régiment avec 2 sections de mitrailleuses
(de KERROS) qui est chargé de l’attaque. Le 2ème bataillon du 2ème régiment (CONTI) est en réserve, à l’abri des vues, sur le plateau ouest du
Kemmelbeck.
22 décembre – Nuit calme. Nombreuses fusées éclairantes allemandes. Les
bataillons désignés se portent à leurs emplacements. A 6 heures 45, l’artillerie allonge son tir et le bataillon de KERROS se porte
à l’attaque. Dès le début de l’attaque, la 8ème compagnie est prise par une fusillade
violente. Elle est obligée de s’arrêter, elle se couche dans un fossé à demi
plein d’eau et ne pourra plus bouger de la journée.
Les 5ème et 7ème progressent d’abord sans trop de difficultés, puis se trouvent
tout à coup sous des feux violents de front et de flanc. Elles arrivent quand
même sur des réseaux de fils de fer organisés en avant de la tranchée ennemie,
mais ne peuvent en venir à bout. A ce moment, elles flottent, et sont ramenées
en arrière, dans les tranchées de départ.
A la nuit, l’Amiral fait rentrer le bataillon de KERROS (2ème du 1er régiment)
qui est très éprouvé, et ordonne la relève du bataillon BERTRAND (3ème du 1er
régiment) par le bataillon CONTI (2ème du 2ème régiment) et la 3ème compagnie
du 1er régiment (70 fusils). Les bataillons BERTRAND et de KERROS rentrent au
cantonnement.
24 décembre – Les effectifs de la brigade fondent, le nombre des malades, des
éclopés, des exempts de service croissant de jour en jour.
30 et 31 décembre – La brigade est relevée en envoyée au repos.
Fortement éprouvée par les fatigues et les pertes subies au cours des trois derniers mois, elle va se réorganiser.
Le 11 janvier 1915, le Président de la République passe la brigade en revue, et
fait la remise du drapeau. La garde en est confiée au 2ème régiment, dont le
commandant est plus ancien de grade que le commandant de 1er régiment.
(Extrait du journal officiel du vendredi 15 janvier 1915)
Visite du Président de la République aux Armées.
Le Président de la République qui avait quitté Paris dimanche soir, accompagné
par le Ministre de la Marine et le général DUPARGE, est arrivé lundi matin à 3 h à Dunkerque. Il s’est aussitôt rendu sur le terrain où était
réunie la brigade des Fusiliers marins en armes et il a remis à ces troupes,
dont on connaît l’attitude héroïque dans les combats de l’Yser, le drapeau
récemment conféré aux formations de marins à terre et qui porte l’inscription «Régiments de marins».
En présentant le drapeau aux troupes, M. POINCARE a prononcé l’allocution
suivante :
« Fusiliers marins, mes amis, Le drapeau que le Gouvernement de la République vous remet aujourd’hui, c’est vous-mêmes qui l’avez gagné sur les champs de bataille. Vous vous êtes montrés dignes de la recevoir et capables de le défendre. Voilà de longues semaines qu’étroitement unis à vos camarades de l’armée de terre, vous soutenez victorieusement comme eux, la lutte la plus âpre et la plus sanglante. Rien n’a refroidi votre ardeur, ni les difficultés du terrain, ni les ravages qu’a d’abord fait parmi vous le feu de l’ennemi, rien n’a ralenti votre élan, ni les gelées, ni les pluies, ni les inondations. Vos officiers vous ont donné partout l’exemple du courage et du sacrifice, et partout vous avez accompli, sous leurs ordres, des prodiges d’héroïsme et d’abnégation.
Le drapeau que je vous confie représentera désormais, à vos yeux, la France
immortelle, la France c’est-à-dire vos foyers, le lieu où vous êtes nés, les
parents qui vous ont élevés, vos femmes, vos enfants, vos familles et vos amis,
tous vos souvenirs, la France, c'est-à-dire le pays de grâce, de douceur et de
beauté, dont une partie est encore occupée par un ennemi barbare, la France,
c'est-à-dire tout un passé d’efforts communs et de gloire collective, tout un
avenir d’union nationale, de grandeur et de liberté.
Mes amis, ce sont les plus lointaines destinées de la Patrie et de l’humanité
qui s’inscrivent, en ce moment, sur le Livre d’Or de l’Armée française. Notre
race, notre civilisation, notre idéal, sont l’enjeu sacré des batailles que
vous livrez. Quelques mois de patience, de résistance morale et d’énergie vont
décider des siècles futurs. En conduisant ce drapeau à la victoire, vous ne
vengerez pas seulement nos morts, vous mériterez l’admiration du monde et la
reconnaissance de la postérité.
Vive la République, Vive la France. » (tiré du "Livre d'Or de la Marine - guerre 14/18")
Malheureusement le matelot groisillon, Jean Marie TONNERRE, n'aura pas le plaisir d'entendre ce discours, car il est mort le 4 janvier des suites d'une maladie contractée dans les tranchées boueuses du mois de décembre.
Louis Marie BLAUREC
Il est né le 4 mars 1889 dans le village de Locmaria, dans l'Ile de Groix (Morbihan). C'est le fils aîné de Frédéric BLO(AU)REC, né en 1861 à Groix et de Victoire BARBIER, née en 1865 à Groix. Ils viennent de se marier le 28 mai 1888. Ils habitent à Locmaria
L'ile de Groix est une commune
(et un canton) composée d’une seule île de 4km sur 8. Située à 36 mètres d'altitude et voisine, par la mer, des communes de Larmor-Plage, et
Port Louis. Elle compte aujourd'hui environ 2 350 hab. (mais en comptait 5800 en 1914) (appelés Grésillons ou Groisillons) qui résident sur une
superficie de 14,8 km² (soit 158,7 hab/km²). Située à 5 milles de la côte, elle se trouve au large du port de Lorient
(8 milles marins).
Il
passe toute son enfance et toute son adolescence à l'ombre du clocher
de la chapelle N.D. de Placemanec et sur la grève du village de Locmaria.
Très tôt, comme presque tous les natifs de l'île, il embarque comme mousse (vers 14/15 ans, peut-être même plus tôt) sur un thonier, commandé par son père, un oncle ou un voisin. En 1914, l'île compte plusieurs centaines de ces navires appelés "dundees" qui chassent le thon du début juillet à la fin septembre, du golfe de Gascogne au large de la pointe bretonne.
En 1909, il est appelé à faire son service militaire dans la marine nationale, "la royale" disait-on. Après ses classes, il est amené à se spécialiser et obtient rapidement un brevet de manoeuvrier. Il est embarqué sur le "???" ( à rechercher). A la fin de son service de deux années, il est titulaire du grade de quartier-maître, exactement : quartier maître de manoeuvre. Il reprend la vie civile et la pêche.
En juin 1914 (date exacte à rechercher), il se marie avec Anne Marie BIHAN, fille de ??? BIHAN (Théodore Joseph ou Tudy - à rechercher). Ils résideront à Locmaria.
Le 1er aout 1914, il lit, comme tout un chacun, l'avis de mobilisation générale. Il a 25 ans.
En vérifiant son carnet militaire, il doit se rendre le 3 aout au dépôt des équipages de Lorient. Le 3 au matin, il embrasse ses parents et son épouse et se rend à Port Tudy, pour prendre le vapeur pour Lorient.
Après un dernier verre, avec quelques copains groisillons, dans un bistrot face à l'Arsenal. Il se présente à l'aubette et est dirigé immédiatement au dépôt.
Après un long moment d'attente, dans la cours, il est regroupé avec une centaine d'autres, dirigé vers la visite médicale, puis , considéré comme apte, vers la salle d'habillement. Rapidement, le voici sous l'uniforme de marin.
Il n'a pas d'affection sur un bâtiment, on le verse donc dans un bataillon de fusiliers marins, bien qu'il n'ait pas cette spécialité. Quelques jours de formation feront l'affaire.
Rapidement, ils sont informés qu'ils vont se rendre à Paris, pour une mission de maintien de l'ordre dans la capitale. Mission, plutôt réjouissante, les marins ont toujours eu la côte auprès des parisiennes.
Cette photo n'est pas celle de Louis Maire BLAUREC, mais de l'un de ses compagnons.
Malheureusement la "vie parisienne" ne dure pas et le 7 octobre, changement de direction. La brigade embarque dans les trains pour Dunkerque, puis la Belgique
Dès le 10, les deux régiments sont au front, c'est le baptême du feu. La brigade a d'abord mission de couvrir la retraite de l'armée belge, puis quand cette mission est terminée, la bragde s'accroche à Dixmude. Elle avait pour mission de tenir 4 jours, elle résistera beaucoup plus. Les combats sont incessants.
Le 19 octobre, l’ennemi attaque en force Leke, Keyem et Beerst. Ces
villages défendus par des forces belges demandent des renforts. La brigade se porte sur Keyem pour enrayer
l’attaque ennemie. Le 1er bataillon du 2ème régiment (JEANNIOT) attaque Keyem par
la route, le 2ème bataillon (CONTI) est en soutien. Le 3ème bataillon (MAUROS) qui est à Eessen
attaque Hoograde par la route de Wladsloo
Le mouvement commence à 10 heures. Le bataillon JEANNIOT est accueilli
par des coups de feu partant du village. Il se déploie très malaisément en
raison du terrain coupé de canaux, de fossés pleins d’eau. Il est obligé
d’attaquer d’abord Beerst. Il est assez éprouvé. Le bataillon qui le suit en soutien (CONTI) le remplace dans
cette attaque et, en même temps, se couvre du côté de Keyem. Le 2ème bataillon du 1er régiment (de KERROS) vient en soutien
du bataillon CONTI. Trop éprouvé, le bataillon JEANNIOT rentre à Dixmude. Le bataillon MAUROS débouche alors de Wladaloo sur Hoograde.
A 17 heures, Beerst est occupée par les marins. A 18 heures, ordre de revenir derrière l’Yser. La brigade décroche et rentre pendant la nuit dans les cantonnements tout à fait insuffisants de Caeskerke (2ème régiment) et Saint-Jacques Capelle (1er régiment). Ces mouvements sont terminés à 23 heures.
Le quartier-maître groisillon, Louis Marie BLOREC perdra la vie au cours de ces affrontements. C'est le premier marin groisillon tué, d'une trop longue liste.
(à rechercher, l'unité exacte : compagnie, bataillon et le lieu de sépulture)
Apparemment, il est d'abord porté disparu. Un jugement interviendra le 27 juillet 1920, par le tribunal de Lorient, qui confirmera son décès et son statut de "mort pour la France". Jugement transcris dans les registres de l'Etat-civil de Groix, le 4 août 1920.
Eugène METAYER
Il est né le 17 février 1894, dans le village de Locmaria, dans l'Ile de Groix (Morbihan). C'est le fils aîné de Jean METAYER, né en 1867 à Groix et de Mélanie AUFFRET, née en 1868 à Groix. Ils se sont mariés en 1885. Ils habitent à Locmaria.
L'ile de Groix est une commune (et un canton) composée d’une seule île de 4km sur 8. Située à 36 mètres d'altitude et voisine, par la mer, des communes de Larmor-Plage, et Port Louis. Elle compte aujourd'hui environ 2 350 hab. (mais en comptait 5800 en 1914) (appelés Grésillons ou Groisillons) qui résident sur une superficie de 14,8 km² (soit 158,7 hab/km²). Située à 5 milles de la côte, elle se trouve au large du port de Lorient (8 milles marins).
Il passe toute son enfance et toute son adolescence à l'ombre du clocher de la chapelle N.D. de Placemanec et sur la grève du village de Locmaria.
Très tôt, comme presque tous les natifs de l'île, il embarque comme mousse (vers 14/15 ans, peut-être même plus tôt) sur un thonier, commandé par son père, un oncle ou un voisin. En 1914, l'île compte plusieurs centaines de ces navires appelés "dundees" qui chassent le thon du début juillet à la fin septembre, du golfe de Gascogne au large de la pointe bretonne.
En principe mobilisable, pour son service militaire, dès le mois d'octobre 1914, en vertu de la loi des "3 ans" , il est appelé, dès le 3 août, à rejoindre le dépôt des équipages de Lorient. Il a 20 ans. Il est célibataire.
Après avoir embrassé ses parents, il prend le vapeur, pour Lorient le matin du 3. Après un long moment d'attente, dans la cours, il est regroupé avec une centaine d'autres, dirigé vers la visite médicale, puis, considéré comme apte, vers la salle d'habillement. Rapidement, le voici sous l'uniforme de marin.
Il n'a pas de formation, il n' pas de spécialité. Il reste matelot de 3ème classe. Il n'a pas d'affection sur un bâtiment, on le verse donc dans un bataillon de fusiliers marins. C'est un bleu, dans tous les sens du terme. Quelques jours de formation feront l'affaire.
Rapidement, ils sont informés qu'ils vont se rendre à Paris, pour une mission de maintien de l'ordre dans la capitale. Pour le jeune groisillon, c'est l'avanture, c'est une mission, plutôt réjouissante, les "vieux de la vielle" lui disent que les marins ont toujours eu la côte auprès des parisiennes.
Cette photo n'est pas celle d'Eugène METAYER, mais de l'un de ses compagnons.
Malheureusement, la "vie parisienne" ne dure pas et le 7 octobre, changement de direction. La brigade embarque dans les trains pour Dunkerque, puis la Belgique
Dès le 10, les deux régiments sont au front, c'est le baptême du feu. La brigade a d'abord mission de couvrir la retraite de l'armée belge, puis quand cette mission est terminée, la bragde s'accroche à Dixmude. Elle avait pour mission de tenir 4 jours, elle résistera beaucoup plus. Les combats sont incessants.
Eugène est affecté au1er Régt de la Brigade des fusiliers marins, 2ème bataillon, 8ème cie (9ème escouade).
Le 21 octobre, dans la nuit, il assiste à une fusillade intermittente. Au nord de Dixmude, les Allemands continuent leurs progrès jusqu’à l’Yser.
Le bombardement de Dixmude et des tranchées recommence à 6 heures du matin. Pendant l’après-midi, le bombardement devient violent; nombreux incendies dans la ville. Les compagnies de réserve dans Dixmude sont assez éprouvées.
Vers 19 heures, alerte... des renseignements arrivent, d’après lesquels certaines tranchées, tenues par les belges, au sud de la ville seraient prises par les Allemands. L’Amiral donne l’ordre de reprendre les tranchées coûte qui coûte. Il envoie 3 compagnies de renfort et fait battre énergiquement avec l’artillerie les abords immédiats de Dixmude. Après une lutte violente, les Allemands sont repoussés et les tranchées sont réoccupées. A 21 heures, l’ordre est rétabli, mais les 3 compagnies de renfort restent dans les tranchées déjà occupées par les belges.
Le 22 octobre, la bataille reprend à Dixmude, au milieu de la nuit. On signale de nouveau que des tranchées ont été évacuées au nord de la ville; 2 compagnies du 2ème régiment qui étaient prévues pour la relève y vont et rétablissent les affaires. Elles relèvent ensuite les 2 compagnies du 2ème régiment.
Dès l’aube, le bombardement recommence, moins nourri le matin, très intense de 12 à 13 heures, heure à laquelle il cesse. Après-midi calme. On en profite pour améliorer les tranchées et pour évacuer des blessés ennemis. On trouve de nombreux tués allemands tombés près des tranchées.
Au nord de Dixmude, les Allemands ont franchi l’Yser dans la boucle de Tervaete, repoussant les troupes de la 4ème D.A. belge. Cette division va chercher par une contre-attaque, à jeter les Allemands dans l’Yser.
Le matelot Eugène METAYER est probablement blessé ce jour, il est évacué sur un hôpital de Dunkerque, où il décédera le 24 octobre. Il est inhumé dans le cimetière militaire de Dunkerque. Tombe n°962. Son décès est porté sur le registre d'Etat-civil de Groix, le 22 septembre 1915.
Laurent A. DERRIEN
Il est né le 10 février 1892, à Groix. Probablement, fils de Jean Marie (à vérifier), né en 1869 à Penvénan (Cotes d'armor, entre Tréguier et Perros Guirec) et de Marie Anne LE PORT, née à Groix en 1871. Ils se sont mariés à Groix en octobre 1891. Il est marin, quartier-maître torpîlleur, elle est repasseuse. Ils habitent en 1914 à Ker Port Lay.
L'ile de Groix est une commune
(et un canton) composée d’une seule île de 4km sur 8. Située
à 36 mètres d'altitude et voisine, par la mer, des communes de
Larmor-Plage, et
Port Louis. Elle compte aujourd'hui environ 2 350 hab. (mais en
comptait 5800 en 1914) (appelés Grésillons ou Groisillons) qui résident
sur une
superficie de 14,8 km² (soit 158,7 hab/km²). Située à 5 milles de la côte, elle se trouve au large du port de Lorient
(8 milles marins).
Il
passe toute son enfance et toute son adolescence entre l'animation du port (Port Tudy) et l'ombre du clocher
de l'église de Loctudy, le bourg.
Très
tôt, comme presque tous les natifs de l'île, il embarque comme mousse
(vers 14/15 ans, peut-être même plus tôt) sur un thonier, commandé par
son père, un oncle ou un voisin. En 1914, l'île compte plusieurs
centaines de ces navires appelés "dundees" qui chassent le thon du
début juillet à la fin septembre, du golfe de Gascogne au large de la
pointe bretonne.
Il effectue son service militaire, depuis le mois d'octobre 1912,
et en vertu de la loi des "3 ans", il est appelé à poursuivre jusqu'en septembre 1915. Il a 22 ans, quand les hostilités sont déclarées. Il est célibataire.
En 1914, il est matelot de 2ème classe. Il n'a pas
de spécialité ni d'affection sur un bâtiment, on le verse
donc dans un bataillon de fusiliers marins.
Rapidement, ils sont informés qu'ils vont se rendre à Paris, pour une mission de maintien de l'ordre dans la capitale. Pour le jeune groisillon, c'est l'aventure, c'est une mission, plutôt réjouissante, les "vieux de la vielle" lui disent que les marins ont toujours eu la côte auprès des parisiennes.